Le son du pays
Cette cassette est la première d’une collection qui s’est donné pour objectif de restituer à la connaissance du plus large public les répertoires musicaux traditionnels enregistrés depuis les années 60 par les collecteurs regroupés au sein de l’UPCP (Union Pour la Culture Populaire en Poitou-Charentes-Vendée) et ainsi, de donner à entendre l’univers sonore propre à chaque pays, constituant de son identité.
Cet univers sonore, forgé par la mémoire orale, est multiforme et complexe. Il est fait de répertoires certes, d’une grande diversité de chansons, airs de danses, rondes, comptines, virelangues, contes, devinettes, mais surtout il s’habille dans chaque lieu d’une parure différente, qui fonde son originalité bien plus que ne le font des répertoires souvent répandus sur l’ensemble de territoires plus vastes (région, France, voire Europe). Et dans notre pays de Moncoutant, de quoi est-il fait, cet habillage caractéristique ? Avant tout de cet élément premier qu’est la langue, rattachée à l’ensemble poitevin-saintongeais, très riche dans notre canton, où la variété de ses diphtongues la rend si musicale ; du style, fruit complexe de l’héritage culturel et de la fonction de chaque pièce de la voix, façonnée par le cadre qui l’a vu s’épanouir (haies bocagères, cour de ferme ou salle de bistrot) ; de tous ces éléments liés à la géographie locale, qui font aussi les « paysages sonores » (cris d’animaux, sifflements d’oiseaux, cloches de villages…).
L’on mesure ainsi combien, contrairement à une idée fort répandue, cette identité sonore propre à chaque pays est encore vivante, malgré la disparition progressive des répertoires traditionnels. Mais aussi combien elle est menacée par l’uniformisation qui gagne nos oreilles tout autant que l’ensemble de nos modes de vie et de pensée.
C’est pourquoi, si cette cassette se veut être un témoignage de la très grande richesse et diversité de notre culture locale, elle se pose aussi comme jalon pour l’avenir, fontaine à laquelle pourront venir boire générations actuelles et futures en quête de ressourcement.
Jany ROUGER
Au Pays de Moncoutant
Moncoutant — canton fleuri où il fait bon vivre —, est l’un des plus importants cantons ruraux du département des Deux-Sèvres.
Situé aux confins de la Gâtine et du Bocage bressuirais limitrophe de la Vendée, il appartient à l’arrondissement de Parthenay, capitale de la Gâtine.
Canton dynamique à l’image de ses élus, il n’a rien à envier à ses voisins. Des écoles maternelles et primaires dans dix communes sur douze, trois collèges — deux publics, un privé —, ses installations et équipements sportifs, ses salles socio-culturelles, répondent tout à fait aux besoins des nombreuses sociétés d’éducation populaire et de loisirs, berceau d’une vie associative intense très appréciée et indispensable au maintien d’une excellente qualité de vie en milieu rural.
Sa population en légère progression (11171 habitants) atteste de sa vitalité. Essentiellement rurale il y a près de cinquante ans, composée en majorité de paysans, avec des petits commerçants et artisans dans chaque localité, elle a su garder et transmettre à la génération actuelle le patrimoine artistique et culturel d’une vie laborieuse plein de de bon sens, qu’il vous appartiendra de faire connaître à votre tour.
Touristes qui avez admiré au passage la belle allée de la Sèvre Nantaise à La Morinière et le vert manteau ondulant de la forêt de Chantemerle du haut des collines de Saint-Paul-en-Gâtine ; vacanciers qui, pendant quelques jours, avez visité de nombreux sites historiques et naturels, sans doute emporterez-vous le souvenir d’un canton accueillant et serez-vous tentés d’y revenir.
À bientôt,
Guy GONNORD,
Conseiller Général
La région moncoutantaise : une économie qui résiste
De longue tradition, la région moncoutantaise s’est distinguée par ses activités industrielles. Dès le XVIIe siècle, en effet, ses confections de laine (une vingtaine de fabricants sur Moncoutant) y faisaient fonctionner 200 métiers à tisser. Ces étoffes de qualité étaient vendues surtout en Normandie, en Touraine, en Mayenne, et dans le Perche.
Après la Révolution et les terribles guerres de Vendée, cette activité, qui avait assuré la subsistance de près de la moitié de la population, s’essouffla et disparut progressivement au cours de la première moitié de ce siècle.
Des périodes de tension qu’a connues cette région au cours de son histoire, s’est forgée une volonté pour ces femmes et ces hommes de vivre ensemble tout en acceptant leurs différences.
Entre Bocage et Gâtine, au fil des années, notre canton s’est découvert une identité originale. La présence de nombreuses petites exploitations agricoles, morcelées par les haies et chemins creux, n’a pas freiné la volonté d’entreprendre ni le désir de vivre sur place avec les gens du pays. Au contraire, aux prises avec une terre d’abord ingrate, ils ont su, grâce à leur ténacité, trouver la prospérité en s’aidant des techniques nouvelles et grâce à l’emploi des amendements et engrais. Notre micro-région a ainsi pu résister aux phénomènes d’exode de sa population au profit des pôles d’attraction du Bassin des Mauges ou du Niortais.
L’essaimage des entreprises dans la plupart des communes de ce canton constitue à la fois l’originalité et la force du tissu industriel du Moncoutantais. Deux-mille salariés environ travaillent dans des secteurs d’activités variés tels que la confection, la chaussure, le meuble, la métallurgie, l’agro-alimentaire, etc.
Ces activités diversifiées tant par leur spécificité que leur taille (moyenne ou petite) sont la chance de notre micro-région. Leur grande faculté d’adaptation contribue à rendre l’économie de notre canton moins fragile.
M. Michel BÉCOT,
Maire de Moncoutant
Présentation du canton
Tout, ici, respire la santé. Une végétation généreuse qui laisse la place à des plantes sauvages rares qu’il est possible de découvrir au long des nombreux chemins piétonniers.
Des ruisseaux qui se glissent entre d’énormes boules de granit. Des bourgs coquets et bien équipés. Des fermes fleuries et accueillantes. Les habitants ne se cachent plus derrière les haies comme aux jours sombres des guerres de Vendée commencées à Moncoutant. Ils sont ouverts et cordiaux, heureux de présenter aux visiteurs aussi bien le rocher de Saint-Fort que les élevages de canards à foie gras, la fabrique de meubles comme les églises gothiques.
Et si, après avoir écouté le chant des oiseaux dans les buissons ou surpris le déboulé d’un lièvre, vous vous apercevez que l’heure du repas est arrivée, les restaurants gastronomiques du canton sont prêts à vous recevoir. Leurs remarquables spécialités n’alourdissent que très peu une addition tout à fait raisonnable.
Le Syndicat d’Initiative de Moncoutant
Les filles de Moncoutant
- Les voulez-vous toutes fidèles
Faut aller au Breuil, à Pugny
Langoureuses à Chantemerle
Enivrantes à Saint-Jouin-de-Milly
À Saint-André, elles sont toutes giroioues
Et captivantes à Chanteloup
Elles vous grisent aux Moutiers, à Lats
Y’a pas à dire, ce sont de vrais bijoux
À La Chapelle, à Saint-Marsault
C’est là que sont les meilleurs bécotsREFRAIN
Quand vous voyez une Moncoutantaise
Vous en perdez la raison
Le feu de leur regard de braise
Incendie le cœur des garçons
Simples, coquettes et jolies
Leurs yeux sont très caressants
Et les Moncoutantais font des folies
Pour les filles de Moncoutant
- Rue du Pré-Byre, elles sont charmantes
Amoureuses, route de Parthenay
Grand’ rue, elles sont très caressantes
Très fidèles rue de La Forêt
Place des Halles et place de la Roche
Ensorceleuses comme route de Niort
Faubourg la Touche sans peur et sans reproche
Faubourg Javrelière, elles murmurent encore
Faubourg la Burelière, route de Courlay
Toutes mignonnes à croquer
Chanté par Marcel Bodin, né à La Ronde, demeurant à Moncoutant.
Le répertoire
Face A
- Chanson « I m’é gajhai a la Sént-Jhan », par Clément Thibaudeau, Guy Micheneau (Moncoutant)
- Ambiance sonore à Pugny chez M. Paul Poignant
- Air sifflé pour faire boire les bêtes, par M. Paul Gonord (Trayes)
- Le « raudage » (chants de labour). Entretien et exemples chantés par M. Mimault (Chantemerle), M. Bodin (Moncoutant), M. Baudry (La Chapelle-Saint-Étienne)
- Imitation de la perdrix, par M. Deborde (Le Breuil-Bernard)
- Chanson la perdriole, par M. Brémaud (Saint-Paul-en-Gâtine), M. Henri Billy (Laubreçais)
- Imitation du pigeon, par M. Baudry (La Chapelle-Saint-Etienne)
- Chanson « Ol étét pijhun pijhoune », par Gabrielle Ménard (Le Breuil-Bernard)
- Chanson « La chèvre en parlement » par M. Poupard (Saint-Paul-en-Gâtine)
- Virelangues et comptines.
Mme Martin (Largeasse), M. David (Moncoutant), M. Deborde (Le Breuil-Bernard), M. Poupard (Saint-Paul-en-Gâtine), Mme Baudry (La Chapelle-Saint-Étienne), Mme Ménard (Le Breuil-Bernard)
- Rondes
« Dans ma main droite » (Mme Renault, Laubreçais)
« C’est mon moulin » (Mme Gaury, Moncoutant)
- Airs d’avant-deux
Albert Coutant (violon, Clessé), Marcel Bodin (chant, Moncoutant), Mme Baudry (chant, La Chapelle-Saint-Etienne), M. Baudu (La Chapelle Saint-Laurent), M. Germain (violon, Clessé), Florentine Noiraud (chant, Moncoutant), Paul Micheneau (violon, Moncoutant), Henri Bisleau (chant, Clessé), Gabrielle Ménard (chant, Le Breuil-Bernard), Marius Huguet (violon, Chanteloup), M. Mimault (chant, Chantemerle), Clément Thibaudeau (chant, Moncoutant), Albert Coutant (violon, Clessé), Mmes Goychaud (chant, Les Moutiers), M. Brémaud (chant, Saint-Paul-en-Gâtine).
Face B
- Ambiance sonore. Forge de Pugny
Chanson « Maréchal. » M. Claude Billeaud (Pugny)
- Chanson « Ol étét in petit bounome. » (Mme Lise Guérin, Moncoutant)
- Chanson « Chez nous à Largeasse » (M. Cantet, Largeasse)
- Chanson « Mun pére m’at mariàie » (Mme Gaury, Moncoutant)
- Chanson « Pr m’y mariàe… » (M. Marillaud, La Timarière de Chanteloup)
- Chanson « Profitons de l’aventure » (Mme Rouger, Les Moutiers, et Mme Renault, Laubreçais)
- Chanson « O i é prdu ma fame » (Florentine Noiraud, Moncoutant)
- Chanson « C’était une bergère » (Mmes Goychaud, Les Moutiers)
- Conte de la mére goréte (M. Deborde, Le Breuil-Bernard)
- « Rigourdaine » « Balle de l’avaene » (M. Henri Bisleau, La Chapelle-Saint-Laurent)
- Airs de danse
Suites de polkas – Albert Coutant (violon, Clessé)
Polkas – M. Baudry (harmonica, La Chapelle-Saint-Étienne)
« Gavottes » – Marcel Bodin (Moncoutant), Mme Gaury (Moncoutant), M. Mimault (Chantemerle)
« La boulangère a des écus » (Mme Gaury, Moncoutant)
- Chanson « Ridénguéte marie sa fille » (M. Henri Bisleau, La Chapelle-Saint-Laurent)
- Marche de mariés, chantée par M. Mimault (Chantemerle)
- Chanson « Menons la mariée promener » (Mme Rouger, Les Moutiers)
- Histoire, écrite et dite par Paul Gonord « Les déchets nucléaires » (Trayes)
- Chansons à boire, M. Poupard (Saint-Paul-en-Gâtine), M. Guy Micheneau (Moncoutant)
Toutes enquêtes réalisées par Jany Rouger, sauf A 10 b, A 12, B 10 (Violaine et Pascal Guérin) et enquêtes faites à Saint-Paul-en-Gâtine (Francine Court et Madée Rousselot).
Face A
1. « I m’é gajhai a la Sént-Jhan »
Chanté par Clément Thibaudeau (Moncoutant) et Guy Micheneau (Le Noirvault – Moncoutant) avec l’aide de ses voisins.
- I m’é gajhai a la Sént-Jhan (bis)
I é gagnai in écu tout rundREFRAIN
Branlun lés vesis, branlun lés vesuns
Lunétes lunétes pépégnes couteas
marteas, ciseas, boutuns dorais, boutuns molais
À Zigue de gna, mitaenes de pea, sabots de gna (bis)
- I m’é t-achetai in bea caleçun
- I l’épari su in boessun
- Ol at passai troes galopins
- L’avant portai mun cotellun
- Pi l’ant portai jhusqu’a Loudun
Chanson connue dans tout le Moncoutantais, et en particulier dans la communauté protestante. Elle est toujours chantée à la moindre occasion par M. Guy Micheneau, premier adjoint au Maire de Moncoutant, si bien qu’elle est presque devenue la chanson emblématique du village de Noirvault, qui n’a pas son pareil pour « faire la fête ».
Le refrain rappelle les cris des camelots de foire, rétameurs ou autres rémouleurs, pour attirer la clientèle.
2. Paysage sonore, à Pugny
Dans la ferme de Paul Poignant un matin. Ambiance du village. Paul et son père appellent les bêtes.
Si le mode d’exploitation a changé (stabulation) l’élevage reste encore prédominant en Bocage et Gâtine et de tous temps, l’homme a cherché à communiquer avec l’animal, que ce soit au travers de cris, d’appels comme dans cet exemple, ou au travers du sifflé, comme dans l’exemple suivant.
3. Air sifflé pour faire boire les bêtes dans la « doue » (mare)
Par M. Paul Gonord, Maire de Trayes.
4. Le « raudage »
Autre exemple célèbre de communication homme-animal, le « chant de labour » qui était plutôt un parlé-chanté appelé « briolage » en Berry, « terlandage », « arodage » en Poitou. En Bocage, l’on « raudait ».
Écoutons M. Mimault, de Chantemerle.
« Quand on conduisait les bœufs dans les champs, on sifflait, on causait aux bœufs puis on raudait, c’était un chant mais chacun avait sa façon. Par exemple, si on passait le rouleau, la herse dans les champs, c’était pas la même “raude” que si on allait labourer. Si on allait conduire une machine à battre quand on revenait, on raudait, c’était pas d’une même façon. Mais pour labourer on touchait six bœufs avec un grand aiguillon pis ça en finissait pas, six bœufs, c’est pas rapide, c’est lent. Vous savez, c’est plus comme les chevaux et les tracteurs. Alors on les faisait partir pis ol at yun qui tenait la charrue derrière, pis moi c’était mon rôle tenir l’aiguillon et toucher les bœufs et rauder ».
Exemples de « raudes » par M. Mimault, M. Bodin Marcel (Moncoutant) et M. Y. Baudry (La Chapelle-Saint-Étienne).
5. Imitation de la perdrix
Par M. Deborde (Breuil Bernard), obtenue en frappant légèrement du poing sur une joue gonflée.
6. Chanson « La perdriole »
Chanson récapitulative fort répandue dont voici deux versions chantées en veillée, l’une par M. Brémaud (Saint-Paul-en-Gâtine) et l’autre, par M. H. Billy (Laubreçais, Clessé).
Version de Saint-Paul-en-Gâtine (incomplète)
1) Le premier mois de l’année,
Qu’emporterai-je à ma mie
Une perdriole qui va, qui vient, qui vole
Une perdriole qui vole dans les bois
10) Le dixième mois de l’année,
Qu’emporterai-je à ma mie
10 beaux chevaux
9 beaux bœufs gras
8 moutons blancs
7 chiens courants
6 lièvres aux champs
5 lapins grattant la terre
4 canards volant en l’air
3 ramiers au bois
2 tourterelles
Une perdriole qui va, qui vient qui vole
Une perdriole qui vole dans les bois
Version de Laubreçais
1) Le premier mois de l’année,
Que donnerai-ji z- à ma mie
Une perdriole qui vole dans les bois
12) Le douzième et dernier mois de l’année,
Que donnerai-ji z- à ma mie
12 doux baisers
11 demoiselles en blanc
10 vaches à lait
9 bœufs cornards
8 moutons blancs
7 lièvres aux champs
6 chiens courants
5 lapins grattant la terre
4 canards volant en l’air
3 ramiers au bois
2 tourterelles
Une perdriole qui vole dans les bois
7. Imitation du pigeon
Par M. Baudry (La Chapelle-Saint-Étienne)
Le pigeon — « Veux-tu qu’i t o fourre ? » bis
La femelle — « Fourre, fourre »
Cette fois l’imitation se fait par un mimologisme facétieux.
8. Chanson : « Ol étét pijhun pijhoune »
Par Gabrielle Ménard (Le Breuil-Bernard)
- Ol étét pijhun pijhoune
Qui veliant s’y mariàe
Le veliant bé faere daus noces
Mé ll aviant ren a manjhàeREFRAIN
Lun luraene é lun lura
Faudra t-en prendre voure qu’o n’n arat
- Le veliant bé faere
Den le chemin passit in chén
Qu’enportét in bissac de pén
- Le pén nous manque pa, Dieù mérci
Mé daus felles i en avun poet
- Den le chemin passit ine oée
Dessou sen ale a n’n avét troes.
- Lés felles nous manquant pa Dieù mérci
Mé daus veses i en avun poet
- Den le chemin passit in rat
Qu’avét la vese dessou sun bra
- I érae bé jhouàe a vos noces
Si ve me défendez daus chats
Thème du mariage des Oiseaux, dont existent de nombreuses versions en Poitou ou ailleurs. Celle-ci présente la particularité d’être très dialectale.
9. Chanson : « La chèvre en parlement »
Par M. Clotaire Poupard (Saint-Paul-en-Gâtine)
Premier couplet non enregistré
- « Chez nous i aviun t-ine chévre
Qu’allait tous les jours aux champs »REFRAIN
À babinotét de la goule ma chévre
À gringuenassét daus dents (bis)
- Al at rentrai den le jhardrin
Den le jhardrin dau président
Al at manjhai t-in chouc-a-poumes
Qui valét bién mile cénc cent francs
- Pi al at manjhai t-in brin de poràie
Qui n’en valét bién autant
- L’ant fét assignàe ma chévre
Pr quatr-vént-dis-neùv sérjhents
- Ma chévre at poent étai si bàete
À s at bé rendu t-au parlement
- Al at levai sa petite couéte
Pr s assire dessur in banc
- Al at crotai t-in pllén pallissun de crotes
Pr péyàe touts çhés sérjhents
- Pi al at foutu in coup de corne
Den le çhu dau président
- Pi al at demandai au jhujhe
Si l’en voulét poent autant
- Ah dau diablle de la chèvre
À casserét bé touts lés çhus aus jhens
Version tout à fait intéressante (tant sur le plan dialectal ou musical que du point de vue de l’interprétation) de cette chanson satirique fort répandue et encore chantée aujourd’hui avec le refrain « Ballotant d’la queue et grignotant des dents »).
Citons J. Bujeaud dans son Introduction aux « Chansons Populaires des Provinces de l’Ouest » (T. 2) à propos des chants satiriques :
« Dans ces chants, la muse gauloise reprend ses coudées franches et donne libre carrière à sa large gaieté. Elle est à son fait, chez elle, son rire est franc et éclatant. Voyez dans La chèvre au parlement avec quelle verve elle critique cette bizarre coutume qui amenait à la barre du tribunal des animaux accusés de meurtre, vol ou pillage, et comme elle sait joyeusement se moquer du pédantesque sérieux des juges ».
10. Virelangues et comptines
1.
Dégrousse-grosse-grasse-borlle
Quant te dégrousse-grosse-grasse-borlleras-tu ?
Î me dégrousse-grosse-grasse-borllerae
Quant lés àutres dégrousse-grosse-grasse-borlles
Se dégrousse-grosse-grasse-borllerant.
Mme Martin (Largeasse)
Variante du virelangue bien poitevin « Gross grass groll borgne ».
2.
Guégne vat a végne
Deùs la charéte mene lés beùs
Troes come daus oées
Quatre vat a Varai
Sis vat a Paris
Sét vat a Cholet
Uit la poule ét den le nic
Neuv al at pundu
Dis i l’é mi boullir
Douse vire bouse
Trése pis de chévre
Quatorze mérde den ta gorjhe
Quénze la boune fame a runjhe
Sése a vaesse
Dis-sét al at chiai en lét
Dis-uit al o z-at léchai
Dis-neùv te biseras mun çhu
Vént dés demén matin
M. David (Moncoutant)
Jeu de langage, sans doute difficilement accessible aux non-poitevins !
3.
Inpol, digol, casun, casol,
Més piés bourdun, Jhosé, Simun, carcan, putout
Laurent va t-en
M. Deborde (Le Breuil Bernard)
Comptine d’élimination.
4.
Petit pouzét
Loridét
La casane
Jhan dau sauà
Petit mougnàud (bis)
Çhau-çhi vat a la chace
çhau-çhi lés pllume
çhau-çhi lés fricasse
çhau-çhi lés manjhe
çhau-çhi boet de l’eau
Le petit boet de l’eau
Quant le roe vat a la chace
L en atrape daus begasses
Le lés pllume, le lés fricasse
L en fét part a sés voesins
Brlin brlin brlin, doune ta mén brlin brlin. Pic
Ah les belles menites, menites
Ah les belles menites que j’ai
Menite à papa, menite à maman
M. Poupard (Saint-Paul-en-Gâtine)
Jeux avec les doigts et les mains des enfants.
5.
Pincille rémousille,
Quand les cygnes vont en vigne
Barricot va devant
Sa couette de menon
Mme Baudry (La Chapelle-Saint-Étienne)
Comptine au sens bien mystérieux.
6.
Barillét de la Chemellardére
Pi sun cousin Chagna
L ant çhét den la rivére
Le sér dau Mardi-Gras
Pi tra-la-la tra-la-la. un gavotét.
Mme Ménard (Le Breuil Bernard)
Rigourdaine créée à partir d’événements réels ou fictifs, mêlant des personnages réels sur un air fort répandu.
11. Rondes
- Dans ma main droite j’ai un rosier (bis
Qui fleurira tra la la la
Qui fleurira au mois de mai
- Entrez dans cette danse les rosiers (bis
Vous embrasserez tra la la
Vous embrasserez qui vous plaira
Mme Renault (Laubreçais)
Au cours du XXe siècle, les rondes d’origine fort ancienne, ont peu à peu disparu des bals, pour ne plus subsister que dans les veillées de village ou les fins de noces (jusqu’à la dernière guerre), sous forme de jeux (rondes à embrasser généralement). Dans les cours d’écoles, elles ont cependant gardé une grande vitalité. Ainsi en est-il de ce « moulin », que tournaient les filles des écoles de Moncoutant dans les années 50 :
— C’est mon moulin, trin trin trin
C’est mon moulin qui tourne
C’est mon moulin, trin trin trin
C’est mon moulin qui tourne bien.
— Quatre cavalières, changez de main
(changement de sens du moulin)
Mme Gaury (Moncoutant)
12. L’Avant-deux
La voilà bien, la danse-reine du Bocage et d’une partie de la Gâtine. Danse emblématique, elle est encore pratiquée dans la plupart des bals de noces des cantons du Nord-Ouest des Deux-Sèvres, et du Nord-Est de la Vendée.
Apparentée aux danses figurées qui ont occupé les salons durant la quasi-totalité du XIXe siècle, et les bals ruraux jusqu’à la première guerre mondiale, l’Avant-deux n’a pas connu la déshérence dans laquelle sont tombés les quadrilles. C’est que si, en apparence, elle était une figure du quadrille dérivant probablement d’un enchaînement de figures du type appelé « Été » (cf. J-M. Guilcher « La contredanse et les renouvellements de la danse française », Mouton, 1969), elle existait bien plus fortement en tant que danse autonome, utilisant des pas complexes, héritiers probables des pas des « branles anciens » (proches par ailleurs des pas des danses « maraîchines ») et s’appuyant sur un répertoire musical d’une très grande richesse, souvent héritier lui aussi d’un répertoire ancien. La figure de quadrille dite de « L’été » n’a-t-elle fait que donner une forme différente à une danse préexistante ? Ou a-t-elle « recyclé » progressivement des éléments de branles anciens ? Sans doute la question ne sera-t-elle jamais résolue. Le travail de recherche entrepris par Jean-François Miniot, au sein de l’ARCuP permettra sans doute de jeter quelques pistes de réponses.
Pourquoi cette danse est-elle devenue si emblématique, et, comme telle, a-t-elle pu maintenir une telle vitalité ? À notre sens, c’est sans doute en raison de son enracinement dans la profondeur du temps, et donc du rôle qu’elle joue dans la constitution (consciente ou non) de notre identité.
Dans le Canton de Moncoutant, à la charnière entre Bocage et Gâtine, la forme de l’Avant-deux hésitait entre l’enchaînement de quatre figures propre au Bocage, et l’enchaînement de trois figures, propre à la Gâtine.
Forme dite de l’« Avant-deux de Courlay » (Bocage)
Annonce |
Musique |
Pas |
|
En avant-deux |
A 16 temps |
Pas d’avant-deux
(4 fois 4 temps) |
Deux partenaires vis-à-vis dansent (homme d’un côté et femme de l’autre) |
Traversez |
B 16 temps |
Pas d’avant-deux
(4 fois 4 temps) |
Balancez |
A ou C
16 temps |
Pas avec pied pivot (plusieurs tours) |
Les quatre dansent par couples, chaque couple d’un côté. |
Rassemblez |
B ou D
16 temps |
Pas d’avant-deux ou pas marché (2 avancer-reculer) |
Forme en usage en Gâtine
Annonce |
Musique |
Pas |
|
En avant-deux |
A 16 temps |
Pas d’avant-deux
(4 fois 4 temps) |
Deux partenaires en vis-à-vis |
Traversez |
A 16 temps |
Pas d’avant-deux
(4 fois 4 temps) |
Balancez |
B 16 temps |
Pas avec pied pivot (tours sur place) |
Danse en couples |
Cette forme-type connaît de nombreuses variantes, le musicien peut faire durer chaque figure comme il lui plaît (16, 24, 32 temps). La première figure « En avant-deux » peut se danser avec un déplacement latéral, elle est alors dite « sur les côtés » ; parfois le « Traversez » disparaît.
Nous avons rassemblé ici de nombreux airs d’Avant-deux, pour montrer leur grande diversité.
— Avant-deux joué au violon par Albert Coutant (Clessé).
Albert Coutant appartenait à cette grande profession des musiciens-amuseurs-animateurs de bals et de noces, héritiers des ménétriers de l’Ancien Régime. Fin violoneux, il s’était plié à la mode pour apprendre l’accordéon chromatique dans les années 30, comme Alfred Talon (Cf « Chez Alfred », Violons du Bocage n° 3, UPCOOP n° 47). Comme Alfred, il s’était reconverti dans l’organisation des bals et la location de parquets. Et comme beaucoup de ces musiciens de noces, il possédait une forte personnalité, très attachante.
L’avant-deux qu’il joue ici, au cours d’une veillée que nous avions organisée en 70 à Laubreçais (Clessé), est inséré dans le quadrille, mais pouvait se jouer de façon autonome.
— « Ine grnoulle den in cllochàe »
Lors de cette même veillée de Laubreçais en 1970, le frère d’Albert, Gabriel Coutant, nous apprit une danse proche de l’avant-deux, qu’il appelait « Mouvante » ou « Émouvante ». Sorte de contredanse, sur un pas marché, ou un pas d’avant- deux, elle comprenait une figure ressemblant à une chaîne anglaise, suivie d’un « balancé » et se « gavottait » (gavotter : chanter l’air de la danse) avec les paroles suivantes (ici chantées par Marcel Bodin de Moncoutant)
Ine grnoulle den in cllochàe
Qui sounét la grand màesse
Toutes lés felles sant acourues
Pr alàe a cunfaesse
Par la suite de nos enquêtes, nous retrouverons souvent ces mêmes paroles chantées sur des airs différents, parfois enrichies d’autres couplets. Et nous découvrirons que la « Mouvante » se dansait dans toute la Gâtine, appartenant probablement à cette grande famille des « Quatre-danses » (contredanses ?), dans laquelle nous pourrions aussi peut-être ranger l’« Avant-deux ».
Mais, là encore, une étude reste à faire.
En voici une autre variante, chantée par Mme Baudry (La Chapelle-Saint-Étienne), qui la tenait de sa mère :
Troes lumas den in cllochàe
Qui sounét la grand-màesse
Toutes lés bounes-fames t-acoururent
Pr alàe a cunfaesse
— Ma mére, ma pauvre mére
Ma mére, ma pauvre mére
l’é pérdu mun bounét
Den le chanp de la Pibolére
En arachant daus jhenàets
« Gavotte » chantée par M. Baudu (La Chapelle-Sant-Laurent)
Rappelons que le terme « gavotte » ne désigne pas une danse, mais une mélodie de danse chantée.
— Autre avant-deux, joué au violon par M. Germain, de Clessé.
M. Germain, dont la pratique du violon n’était pas professionnelle, puisqu’il restait par ailleurs agriculteur, joue ici un air peu courant, dont chaque thème repose sur une tonique différente.
— « I lés menerae a la foere ».
I lés menerae a la foere, més bedas
I lés vendrae s i trouve
Si i trouve pa a lés vendre, més bedas
Faudrat qu’i lés rentourne
« Gavotte » chantée par Florentine Noiraud (Moncoutant)
Sur ces mêmes paroles, l’on retrouve en Gâtine d’autres mélodies servant d’appui à des « quatre-danses » (Clavé) ou à des « vries » (Augé). Le même air devient par ailleurs « maraîchine » en Vendée-Nord. « Avant-deux », « vries », « quatre-danses », « maraîchines », quatre familles de danses utilisant souvent les mêmes mélodies archaïques, parfois les mêmes pas, quatre formes probables de l’héritage des anciens « branles ».
— « La voilà, la culotte rouge ».
La voilà la culotte rouge
La voilà mise au tous-les-jours
In garçun ménajhàe la garderét pr sés dimanches
In garçun ménajhàe la garderét pr alàe dançàe
Bé ol étét ine dance, çheù !
Autre « gavotte » chantée par Florentine Noiraud.
Sur ces mêmes paroles selon Jérôme Bujeaud (Chansons Populaires des Provinces de l’Ouest, Tome 1, p.148, Lafitte Reprints, 1975), l’on dansait le Bal de Saintonge, autre danse issue des anciens branles, et dont les formes musicales sont proches de celles de l’avant-deux.
— Avant-deux joué au violon, par Paul Micheneau (Moncoutant).
Nous avons consacré à Paul Micheneau le premier disque de la série « Violons du Bocage » – « Chez Paul » – UPCOOP n° 13. Il joue ici un avant-deux appris du célèbre « Bourdounàu ». À noter les subtilités rythmiques du jeu, très liées à la danse (le premier temps est plus long, marquant le pas d’appui principal).
— « T’aras daus prunéles ».
T’aras daus prunéles, Madelaene
T’aras daus prunéles
Toutes les lés plus béles, béle Madelaene
Béles é en plus béles
Ti-la-li la la.
Gavotte de M. Henri Bisleau (Clessé)
M. Bisleau, ancien violoneux, ne pouvait plus jouer quand nous l’avons rencontré en 1970. La mélodie de cet avant-deux est connue dans tout le Poitou, où elle sert de support à d’autres danses avec d’autres paroles (bals « T’as cassé mes bots », quatre-danses « I vous mènerai à la foire »).
— « Gabriel, veux-tu venir »
- Gabriel, veux-tu venir
jouer de la vielle, jouer de la vielle
Gabriel, veux-tu venir
jouer de la vielle dans mon pays
- Non, non, non, je n’irai pas
jouer de la vielle, jouer de la vielle
Non, non, non, Je n’irai pas
jouer de la vielle dans ce pays-là
Gavotte chantée par Gabrielle Ménard (Le Breuil-Bernard).
« Gavotte » courante en Gâtine. Est-ce par réminiscence d’une pratique ancienne de la vielle ? La présence d’un vielleux semble attestée à Moncoutant au tout début du siècle.
— Avant-deux joué au violon, par Marius Huguet (Chanteloup)
Marius Huguet, violoneux à ses heures de loisirs quand il était agriculteur en activité, a pu épanouir durant sa retraite, son goût pour l’animation musicale. Toujours prêt à sortir son violon, il est de toutes les fêtes où vivent les traditions musicales. Notez l’archaïsme de la mélodie et du coup d’archet.
— « É danse dun fi de garce ».
É dance dun fi de garce, dance dun
É dance dun fi de garce
La fi de garce a tant dançai
Que la pea du çhu ll en a sautai
À Moncoutant, on se souvient encore du « grand » danseur (grand par le talent, non par la taille) qu’était Emile Thibaudeau, qui nous apprit à danser la « vraie avant-deux de Moncoutant » (bien sûr différente de celle de Paul Micheneau car pour chaque bon danseur « la vraie », c’était la sienne, et ce n’était pas faux).
« Un deux trois, quatre cinq
Et danse donc, fi de garce »
— Airs d’avant-deux, chantés par M. Mimault (Chanteloup)
M. Mimault, ancien violoneux, ne pouvait plus jouer au moment de nos enquêtes, c’était néanmoins un excellent « gavotour », qui nous chanta la plupart des airs qu’il connaissait.
En voici deux exemples. Le premier air serait plutôt appelé « Pas d’été » dans bien d’autres régions. Est-ce à dire que « Pas d’été » et « Avant-deux » ne font qu’un ? (Souvenons-nous qu’à l’origine de l’Avant-deux, on trouve la contre-danse de l’« Été »). Encore une piste de travail pour les chercheurs.
Le second air est une variante d’une mélodie d’avant-deux que jouent plusieurs violoneux du Bocage (bressuirais et vendéen). La commune de La Tardière est située dans le canton vendéen faisant face à celui de Moncoutant.
— Gavottes de Clément Thibaudeau.
En avant-deùs, le pére Michounea
Friseràes-tu lés poels de més chàuces
En avant-deùs, le pére Michounea
Friseràes-tu lés poels de més bras
En avant-deùs, que disét Adéle
Travrséz que disét Pilét
Pilét qui voéyét pa cllér
Foure sun nai den le çhu a Vincendrét
Tra-la-la.
Clément Thibaudeau était un musicien de la génération « accordéon ». Le violon déjà passé de mode quand il commença à jouer, c’est naturellement vers le chromatique qu’il se tourna. À l’époque où il se mit à animer les bals de noces, les vieux airs d’avant-deux commençaient à disparaître. Seuls subsistaient des airs devenus depuis des « standards », dits de « l’avant-deux de Courlay », sur lesquels les esprits poitevins, bien connus pour leur goût de la facétie, brodaient les paroles les plus diverses, jusqu’aux gauloiseries les plus crues.
— Avant-deux joué au violon, par Albert Coutant (Clessé).
Au cours de la veillée de Laubreçais, cet avant-deux fut dansé « sur les côtés ».
Il inspira M. Henri Billy qui ne put s’empêcher de gavotter.
Sautez dun, vous ne sautéz ghére
Sautés dun, vous ne sautéz pa
C ét-i que le chu vous pese
Ou bé que vous ne pouvéz pa
Paroles sur lesquelles, on pouvait danser nombres de formes en Poitou, mais qui, en Gâtine, étaient le support privilégié de la « Gâtinelle », dansée surtout dans la partie Est (vers Airvault et Thénezay).
— La Guimbarde.
« Ah qui la dansera la mieux,
La guimbarde, la guimbarde
Ah qui la dansera la mieux,
La guimbarde entre nous deux »
Chantée par les sœurs Goychaud (Les Moutiers-sous-Chantemerle).
La « guimbarde », que l’on danse en sautant à deux par-dessus un « aiguillon » (long bâton à toucher les bœufs), était assez courante en Poitou et en Gâtine, en tout cas fréquemment citée lors de nos enquêtes.
Sans doute n’est-elle pas assimilable à l’avant-deux, mais elle utilise des airs d’avant-deux, et la première partie se danse sur un pas d’avant-deux.
— Avant-deux gavotté par M. Brémaud (Saint-Paul-en-Gâtine)
Au cours d’une veillée mémorable et mémorisée, car filmée à Saint-Paul-en-Gâtine en 1979, nous eûmes la chance de voir danser une dizaine d’anciens utilisant des pas élaborés, voire complexes, d’une grande richesse de style.
Et le tout, au son de cette gavotte superbe. À remarquer la variation sur la tierce, majeure au début de la mélodie, et mineure sur sa conclusion.
Face B
1. Le forgeron de Pugny
M. Claude Billeaud, ancien forgeron de Pugny fait entendre son enclume et sa voix.
- Maréchal, beau maréchal,
À la fleur de ton âge
Mettrais-tu pas un fer
Sur les pieds de ma femmeNon, non, non, j’ai perdu tous mes outils
Mon enclume et mon marteau
Mon petit tablier de peau
Ma lime, qui lime
Tio petit bout qui va, qui va
Tio petit bout qui va toujours
Il. Maréchal, sur les cuisses de ma femme…
(Chanson répandue dans tout l’ensemble du Poitou).
2. « Ol étét in petit bounome »…
- Ol étét in petit bounome
M’m’m, tra la dérita
Ol étét in petit bounome
Qu’alét fagotàe dau boes (bis)
- O le dit a sa boune-fame
La soupe tu m’aporteras
- Etét bé unze eùres sounàies
Que la soupe a venét pa
- Petit bounome prend sa serpéte
E sun petit fagot de boes
- Les en vat ché sa boune-fame
L at trouvai in avocat
- Le manjhiant toute la créme
Le disiant qu’étét lés chats
Chanté par Lise Guérin (Moncoutant)
Chanson fort répandue, aux nombreuses variantes.
3. « Chez nous à Largeasse »
- Chez nous à Largeasse
Crénom de dla de bon dla d’nom de dla
Chez nous à Largeasse
Il y avait une jolie fille
Une jolie fille nom de dla
Une jolie fille
- Qui voulait bien se marier
Mais personne n’en faisait la demande
- Qu’un garçon boulanger
Qu’en fit faire son annonce
- Son papa le veut bien
Sa mère est consentante
- Mais y a quelques parents
Qu’en font de la différence
- En différence ou non
Ils coucheront z ensemble
- Dans un beau lit charmant
Couvert de roses blanches
- Et aux quatre coins du lit
L’or et l’argent y branlent
- Mais au milieu du lit,
Le rossignol y chante
- De sa belle voix dira
Que l’amour est charmante
Chanté par M. Cantet (Largeasse)
Encore une chanson aux nombreuses variantes, dont la plus connue fut médiatisée par Yves Montand sous le titre « Aux marches du palais ».
4. Mun pére m’at mariàie
- Mun pére m’at mariàie
Avéc in homme de la Cornue
Dés le lendemén daus noces
Den in chanp le m’at enmenàieREFRAIN
À Fés-tu çheù pr m’acoutumàe
Si t o crés, tu te trunpes bae
- Den in chanp le m’at enmenàie
Pr tournàe viràe la charue
I me sé rentournàie ché nous
Tout come ine rigoesàie
- I y ai mis le pot au fu
De l’ève qui courait dans les rues
- Pr lli servir de potajhe
Daus orties pi de la coçhue
- I me sé mise a faere sun lit
Tout come l’en avét la coutume
- I l’é braçai, rebraçai
De mun coutai i é mi la pllume
- Pr lli servir d’orellàe
Ine grosse piére cornue
- Quant l’at étai pr se couchàe
Le s ét fét petàe la turgne
- I ll é dit mun gros lourdàud
Va, gobe-la, chéle prune
Chanté par Mme Gaury (Moncoutant)
De cette chanson, nous avons enregistré plusieurs versions, très proches, en Bocage, où elle semblait assez répandue. Très dialectale, sorte de chanson de mal-mariée satirique, sa facture nous apparaît d’origine plutôt lettrée, quoique sans doute ancienne.
5. Pr m’y mariàe ol at çhénze ans
- Pr m’y mariàe ol at chénze ans
I fesàe de la fantaesie
Mé i é poent cherchai bé luntenp
Qu’i é bé trouvai a m’assortirREFRAIN
I m en souvéndrae, la lira
De çhale béle fantaesie
- Den ine balade i l’é trouvàie
Den in mulun de fuméles
Mé de tant logn qu’i l é vue venir
Tant qu’il é trouvie béleREFRAIN
I m en souvéndrae, la lira
Que tout me pllését den yéle
- I l é t-amenàie den in petit coén
Pr lli cuntàe men afaere
I la tournàe, i la vire
Poént la mine de s en faereREFRAIN
I m en souvéndrae, la lira
Qu’a fesét bé men afaere
- I llé tournàe lés déts
I llé torsàe lés peuses
I la chatoullàes prtout
A disét poent grand cheuseREFRAIN
I m en souvéndrae, la lira
Qu’al étét poent frniclleùse
- Qu’at cunposai céte chançun
Céte chançun nouvéle
Ol ét troes jhénes garçuns
Dés enviruns de Méle(Variante) I m en souvéndrae, la liraDe çhale chançun nouvéle
Chanté par M. André Marillaud (Chanteloup)
Nous avons enregistré une variante de cette chanson, beaucoup plus complète, à Saint-Germain-de-Longue-Chaume. De même que la chanson précédente, sa facture nous semble d’origine lettrée et ancienne. En effet, au cours des XVIIe, XVIIIe, XIXe siècles, nombreux furent les lettrés de village — curés, pasteurs, instituteurs ou notaires — qui composèrent des chansons en langue poitevine, souvent sur des airs traditionnels, à la manière des célèbres « In jou en aubant de Nuville » (J. Bujeaud, Chansons Populaires des Provinces de l’Ouest, Tome 2, p. 250), ou « O vinguit in ordre dau roë » (Id., p. 338). Riches sur le plan de la langue, elles n’ont pas cependant cette lumineuse simplicité des chansons réellement populaires (Lire Bujeaud, Id. p. 253).
6. Profitons de l’aventure
Nous avons réalisé un montage des deux versions de cette superbe chanson, recueillies dans le canton de Moncoutant.
Version Mme Rouger
- Profitons de l’aventure, c’est d’un jeune guerrier
À la fleur de son âge, a voulu s’engager
Mais n’ayant pas la taille, chez lui il est resté
Croyant être tranquille et vivre en liberté
- Le garçon était jeune, voulut s’y marier
Auprès d’une jeune fille, alla s’y présenter
Trois jours après la noce, reçut un mandement
Qu’il fallait repartir rejoindre son régiment
- Pourquoi ne m’as-tu pas dit, misérable, que tu étais engagé
Notre mariage, nous aurions repoussé
Ton père aussi ta mère, ils t’auraient acheté
Et maintenant tu vives comme un jeune guerrier
- La guerre ma mignonne ne durera pas toujours
Il faut prendre les armes pour acquérir le bonheur
La guerre a bien été longue, a bien duré sept ans
Sans avoir de nouvelles de femmes ni de parents
- Au bout de sept années, il revint au pays
Le jour qu’il arrive, sa femme s’y remarie
Arrivant à l’auberge, il demande à loger
Arrivant à la porte, trois petits coups frappés
- Frappa trois petits coups si bien si distingués
D’une drôle de manière, tout comme un étranger
Bonjour messieurs et dames, ne vous dérangez pas
Accordez-moi la grâce d’être à ce beau repas
- Le soldat se mit à table, soupa tranquillement
En racontant les choses qui se passent au régiment
Qu’on m’apporte des cartes, et des cartes à jouer
À qui aura la mariée le soir à son coucher
- La belle sortit de table, les yeux tout éplorés
Dessus son blond visage, elle alla embrasser
Permettez-moi mes hommes que je m’en aille au couvent
Non, non, mignonne, reste avec Constant
- J’avais entendu dire, tu étais décédé,
Dans une grande bataille, tu avais été tué
J’ai bien fait dire des messes, le deuil j’en ai porté
J’ai fait faire des services par un prêtre approuvé
- Tous les gens de noce, ont toujours bien juré
Que la femme doit être au premier marié
Que l’on rende les bagues à ce pauvre infortuné
Grand Dieu qu’il en cherche une autre, il est en liberté
Mme Rouger (Les Moutiers)
Version Mme Renault
- Profitons de l’aventure d’un jeune écolier
Et au bout de dix-sept ans d’âge, voulut s’y rengager
Il n’avait point la taille, chez lui il a resté
Croyant d’être tranquille, de vivre en liberté
- Après quelques mois d’âge, voulut s’y marier
Auprès d’une demoiselle, alla s’y présenter
Mais dès le soir des noces, reçut un mandement
Qu’il fallait partir en guerre, rejoindre son régiment
- La guerre fut si longue qu’elle a duré sept ans
Sans recevoir de nouvelles ni de femme ni de parents
Au bout de sept années, revint dans son pays
Mais le jour qu’il arrive, sa femme s’y remarie
- En arrivant à la porte, trois petits coups frappa
Qui frappe-t-à la porte trois coups si distingués
Comme un drôle de langage
Comme un jeune écolier
- Nous sommes des gens de la noce,
Nous ne pouvons vous loger
Apportez-moi des cartes, des cartes pour jouer
Avec la mariée, ce soir je coucherai
- Où as-tu mis tes bagues, tes bagues et diamants
Que je t’avais payés, belle, il y a ce soir sept ans
Où as-tu mis tes bagues, tes bagues et diamants
Tu les as changés, belle, t’en as encore autant
- Madame la mariée à toute voix s’écrie
Hier soir j’étais veuve, aujourd’hui j’ai deux maris
Permettez, mes gens de la noce, que je m’en vais au couvent
Mais non, mais non, la belle, faut rester avec Armand
- Ils s’en vont chez le juge, les a très bien jugés
À t’ordonné la femme au premier marié
Tandis qu’il dit à l’autre, ah pauvre infortuné
Ah qu’il en cherche une autre, il est en liberté
Mme Renault (Laubreçais)
Sur un thème aux multiples variantes (Le retour du soldat), ce « profitons de l’aventure » figure pour nous parmi les chefs d’œuvre de la tradition orale, en particulier sur le plan musical.
7. O ! I é prdu ma fame.…
- O I é prdu ma fame, a votre avis
Al ét ché lés moenes, dundaene é dundun
Al ét ché lés moenes, mun pauvre jhan
- Que fét-éle ché lés moenes, més buns amis
Que fét-éle ché lés moenes, a votre avis ?
- À lave la vésséle, dundaene é dundun
À lave la vésséle, mun pauvre jhan
- E coure révéndrat éle ?
À revéndrat dimanche
- E que m’aporterat éle ?
À t’aporterat daus cornes
- Pr qui faere, çhés cornes ?
Pr te gardàe de l’unbrePi al ét féte
Chanté par Florentine Noiraud (Moncoutant)
Le thème facétieux de la « Femme perdue » se prête à de multiples développements. Et, bien souvent, quand il y avait un jupon en perdition, on accusait les moines (lire à ce sujet « Moines et curés dans la chanson traditionnelle », La Boulite, nos 2-3-4, Revue ARCuP 1982-83).
8. C’était une bergère
- C’était une bergère qu’allait aux champs
Jamais d’autre pensée qu’en la Vierge Marie
Son fils Jésus
- Là-haut parmi les landes, lui a t-apparu
Une belle dame blanche, dans son troupeau
Qui lui fait la demande d’un bel agneau
- Son père aussi sa mère furent étonnés
De voir une fille muette si bien parler
Va-t-en vitement lui dire, belle Isabeau
Que le troupeau est à elle jusqu’au plus beau
Chanté par Victoire Goychaud (Les Moutiers)
Une version plus complète de ce thème dit de « La bergère muette » a été publiée par Michel Valière dans son « Anthologie des chants et musiques populaires du Haut-Poitou » UP008. Par ailleurs, une étudiante de Poitiers, Marlène Belly, prépare un DEA de musicologie sur ce thème.
9. Conte de la « mére goréte »
Ine foe, étét ine grande mére goréte. Lae-tou a décidit d’alàe faere in tour den lés chanps. Ol étét la sésun, lés métives étiant fétes. Al enporte in sac, a manjhe dau. A trouve in chanp de bllai, o n’n avét pa mal de réste. Al en at manjhai tout sun cuntent, pi al en ramene in pllén sac. Nun de nun, qui qu’al apercét en loén ? Ol at bé encore in louc qui vént. Alore çhau louc s’amene, le dit
Qui que te fés, toe, la grande mére goréte ?
A di, i é manjhai daus gréns, lae, pi asteùre i enplléne mun pllén sac.
Bé, le dit, moe, le grén, tu sés, i en sé pa fou, mé va petétre bén te manjhàe.
Fé pa ça, louc. Al at dit tu sés pas, i alun faere in marchai. Al at dit, i va alàe chés le monàe, i ferae écrase mun sac de bllai é pi i t invite demén matin a boulanjhàe é pi i ferun dau pén, t en manjheras.
Si tu veus. Al at dit : tu sés, t as qu’a venir pa tard.
À sét eùres, i serae pràet, i va tout préparàe.
En éfét, le marchai étét cunclu.
Vela le louc qui s’amene. Le dit
Bé alore çhau pén, çhale farine ét-éle den la mét ?
Oui, oui, tout ét pràet, l’eau ét au feù. Alore t as qu’a munte den la mét, i va t aportàe de l’eau (falét de l’eau chàude, den le tenp, pr faere le pén).
Vela le louc qui munte den la mét. Al enporte de l’eau, mé ol ét qu’a boullét. Ol avét in moument qu’al étét au feù. Alore vela le louc qu’étét den çhale mét. La grande goréte vrse la sellàie d’iau den la mét.
Et trop chàude ten iau. Al ét trop châude ! Tu me breùles, tu me breùles, goréte, tu me breùles ! Aporte de la fréd !
Oui, i yi va tout suite, tout suite.
Penses-tu – La marmite étét encore au feù qu’a boullét queme de pu béle. Al enporte ine àutre sellàie pu chàude encore.
T’en vela de la fréde, qu’a s en vént apràe le louc.
Pof ! Vrse la sellàie d’iau boullante la-deden.
Créyant bé qu’étét de la fréde, le louc :
Goréte goréte te m’as échàudai, goréte, goréte tu me breùles, goréte goréte goréte, i sé pérdu !
Pi le louc en a crvai.
E pi ol avét encore de l’iau den sa marmite. À prend le louc, pasqu’étét pas assae çhét, cunprends-tu ? À le refout den la marmite pr le faere bé boullir. Pi pendant chau tenp que le boullét, al at repétri sun pén, é pi al at chaufai le four. A mét sun pén den le four pi mun vieu, al avét réussi, al avét dau bea pén. E pi avéc sun bea pén, é bé al at manjhai le louc é pi al at dit : I avàe jhamae manjhai de si bun louc den ma vie.
Conté par M. Deborde (Le Breuil Bernard)
Merveilleux conteur
Magnifique langue
10. Rigourdaine
Balle de l’avaene a tun chevàu
M’y arne lou ben queme o fàut
Y at poet de chevàu
Pràe de çhau rivàu
Tu n’y ariveras pa
Fraere Nicolas
Chanté par M. Bisleau (La Chapelle-Saint-Laurent)
La tradition orale regorgeait de ces multiples refrains, « rigourdaines » au sens parfois mystérieux, comme celui-ci.
11. Airs de danse
Outre l’avant-deux, le répertoire dansé dans le canton de Moncoutant était fort riche. Ainsi comprenait-il de nombreuses danses en couples (polkas, valses, scottishes, mazurkas), popularisées dans les campagnes françaises au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle.
— Suite de polkas, jouée au violon par Albert Coutant (Clessé)
Albert enfile ici plusieurs polkas, très populaires en Gâtine :
« Ils sont dans les vignes les moineaux », « Monsieur le curé ne veut pas », polka piquée et gigouillette « C’est la fille de la meunière. »).
— Polka jouée à l’harmonica, par Michel Baudry (La Chapelle-Saint-Etienne).
« Mimi » Baudry tient cette polka de son père, qui la jouait à l’accordéon diatonique. Si l’accordéon fut le « piano du pauvre », que dire de l’harmonica ? « Accordéon du pauvre », il était assez répandu, surtout dans la génération d’après-guerre.
— « Gavottes »
Mun pére boulitét, ma mére boulitét
Mun pére boulitét ma mére
Moe i é t-in petit boulitour
Boulitéz la chanbrére !
Marcel Bodin (Moncoutant)
Probable « gavotte » à double sens, dont Marcel Bodin ignorait l’utilisation dansée. Une « gavotte » proche, chantée par Pierre Faucher violoneux à Treize-Vents (Vendée), sert de support à la « Danse des mouchoirs ».
Cope t-o bé, ma megnounéte
Cope t-o bé, den çhés prais
Faut souvent, ma brunéte
Faut souvent o z-aghuzàe
Tra-la-la
Chanté par Mme Gaury (Moncoutant)
Cope t-o bé, ma megnounéte
Cope t-o bé, den çhés prais
Oui vraement ma megnounéte
Faut souvent aghusàe
Chanté par M. Mimault (Chantemerle)
Sur cet air, Mme Gaury dansait le « Pastillais », qu’elle avait appris enfant, auprès des plus anciens. Le « Pastillais » ou « Parsillais » est une sorte de contredanse, proche de l’avant-deux (parfois d’ailleurs confondu avec l’avant-deux), dansée dans les communes du Sud du Canton de Moncoutant (autour de l’Absie et du Canton de Coulonges-sur-L’Autize. Pour M. Mimault, c’était une gavotte d’avant-deux, l’un des premiers airs à jouer au violon.
— La boulangère a des écus
La boulangère a des écus
Qui ne lui coûtent guère
Elle en a, je les ai vus
J’ai vu la boulangère aux écus
J’ai vu la boulangère
Chanté par Mme Gaury (Moncoutant)
Refrain fort populaire, issu d’une chanson écrite au XVIIIe siècle par l’épicier-poète-chansonnier Gallet, dont l’air fut emprunté à une contredanse figurant dans les recueils dès 1719. Seul le premier couplet a survécu, les autres, faisant allusion à une femme en vue de l’époque, ont vieilli et ont été oubliés.
Paroles de Gallet
- La boulangère a des écus
Qui ne lui coûtent guère
Elle en a, je les ai vus
J’ai vu la boulangère aux écus
J’ai vu la boulangère
- D’où te viennent tous ces écus
Charmante boulangère ?
Ils me viennent d’un gros Crésus
Dont je fais bien l’affaire, vois-tu
Dont je fais bien l’affaire
- À mon four aussi sont venus
De galants militaires
Mais je préfère les Crésus
À tous les gens de guerre
- Des petits-maîtres sont venus,
En me disant « Ma chère,
Vous êtes plus belle que Vénus »
Je ne les écoutais guère
- Des abbés coquets sont venus
Ils m’offraient pour me plaire,
Des fleurettes au lieu d’écus.
Je les envoyais faire
- Moi, je ne suis pas un Crésus
Abbé, ni militaire
Mais mes talents sont bien connus
Boulanger de Cythère
Vois-tu
Boulanger de Cythère.
Mme Gaury ne se souvenait plus de la façon dont on dansait sur cette « gavotte ». Dans un canton voisin, elle se dansait comme une contredanse, avec évolution en chaîne.
12. Chanson à « ripounàe ». « Ridénguéte »
- Ridénguéte marie sa fille
Avéc in prçour de sabots |
O Ridénguéte |
Avéc in prçour de sabots |
Ridénguéte é ridéngo | bis
- Tout en rentrant deden l’égllise
Poént d’eau bénite den le bénitié
Tout le munde pissét den sés bots
- En arivant a la Sénte-Tablle
Lés poulls couriant de quatre a quatre
E pi lés puces sautiant en hàut
- Le churai qui lés marie
Le l’at dounai pr mariajhe
Tout in pllén penàe de frmajhe
- E pi dau beùre a plléns sabots.
Chanté par M. Bisleau (La Chapelle-Saint-Laurent)
Chanson à répondre, de la veine satirique, comme il en existait beaucoup, tant les poitevins aiment se moquer et rire (souvent d’eux-mêmes). Et la langue poitevine se prête à merveille à cet usage.
M. Bisleau a volontairement omis le quatrième couplet. Sans doute contenait-il quelque gaillardise trop crue à son goût.
13. Marche de mariés
Le violoneux accompagnait en général les cortèges de noces dans leurs divers déplacements du domicile de la mariée à l’église, de l’église à la mairie — ou vice-versa, etc. En général, l’on jouait des airs d’avant-deux ou d’avant-quatre sur un tempo plus lent. Ainsi, cet air de M. Mimault (Chantemerle).
14. Menons la mariée promener
Bien souvent, les cortèges étaient aussi chantés. Nombre de chansons très populaires comme « Derrière chez nous y a-t un étang » comportaient ainsi des refrains faisant référence au mariage (comme « Qu’elle est belle la mariée » ou « Sortez Mesdames de vos maisons »).
Voici, chantée par Madeleine Rouger (Les Moutiers-sous-Chantemerle), l’une de ces chansons de cortèges de noces. Remarquez sur le plan musical, la mobilité de la tierce (majeure la plupart du temps, mineure à la fin).
- Mon père veut m’y marier
Menons la mariée promener
Avec un homme point à mon gré
Sur la verdureREFRAIN
Menons la mariée promener
Le temps lui dure
- Avec un homme point à mon gré
- Ah s’il m’y mord, je m’en irai
- Je m’en irai au bois jouer
- Avec tous ces jeunes écoliers.
15. « Les déchets nucléaires »
Histoire écrite par Paul Gonord, Maire de Trayes, dans le style poitevin, à propos d’un événement qui a défrayé la chronique.
Més amis, i m’en rapele de çhau vént févràe.
Ol avét de la néjhe, o fesét fréd.
Aussi, neùv maeres gatinés
Etiant çhau jhour-làe cunvocais a Partenés.
Moe, pr çhau tenp de froedure,
O m’étét grand paene de me rendre a la Sous-Préfecture.
Més quant on ét maere, faut faere sun devoer
I me sé dit, faut tout de maeme alàe y voer
Ça, faut pa dire, i un étai ben aquéllis.
Avéc dau chanpagne é pi dau wizki.
Pi lae, o y avét toute ine bande de gas
Qui disiant que l’étiant de l’ANDRA.
Pi le nous ant éspllicai qu’o velét dire
Enjhance Naciounale pr la jhéstaciun daus déchéts.
Le nous ant assurai qu’un pouvét lés crére,
Que l’étiant trtouts daus buns jhéstaciounaeres.
Y en avét in, in mégrlét
Qui s apelét Mossieù Marc Ponché,
Deus àutres Delaplanche é Frmentin.
Faciles a requeneùtre avéc lleùs poels au mentun.
Alore le nous ant remi daus papes,
Daus beas papàes gllaçais, ben enpaquetais.
Pi lae-dessu ol esplliquét qu’ol avét in grous chirun dessou nos pais
Dépis au moen troes cents milluns d’annàies
É, queme le disét rén pi que l’avét jhamae boujhai,
Le vouliant creùsàe deden pr li métre chés déchéts.
I é pensai bé fi de taupin,
Ol ét tout de maeme ine bén drole d’invenciun
A la fin, Mossieù le Prfét
At dit que le prendrét in araetai
Pr que le poughissiant entràe su nos taeres,
Pi qu’o faudrét lés laessàe faere.
À bé çhate foes, i é pensai
Quant lés jhens de cheu nous vant savoer ça,
I cré que pr sur le vant se faere beas
Quant le voerant çhés vilatuns
Pataujhàe den lés chanps de nouréns
A Dés le retour ol at pa mancai
Lés jhournâus, la radio pi la télai
E pi le bordél a quemençai.
I ave jhamae tant vu de ma vie de jhournalistes é pi de caméras
Venir nous demandàe ce qu’i pensiun de ça.
Ol at étai ine béle émociun
Den notre petite populaciun.
Bé vite, o s at cunstituai daus comitais pi daus associaciuns
Pr s oposàe a toutes lleus invenciuns.
O s’en ét fét de chés cunférences é pi de çhés réuniuns
Jhusqu’a vidàe l’ANDRA de touts sés papàes
Avéc in grous muncea de callous devant lleu mésun a Pitiai.
É vela pu de quatre ans que le sant lae-bas,
A se tournàe lés pouses, lés jhens de l’ANDRA.
Moe i di que si le restant in an de pu,
I leàs envoe mun bot den le çhu.
De çhés tenp, le fesant pratiquement rén.
Ol ét a cause daus élécciuns.
Mé gare apràe, faudrat faere ben atenciun.
Le riscant de remétre ça, lés enfants de putin
Alore lae,
Faudrat retournàe lés enbaetàe
Assae jhentiment
Pr que, définitivement,
Le foutiant le canp
16. Chansons à boire
Pas de fêtes, dans notre pays, sans quelques chansons à boire.
Vidons les verres, jolie Nanon
Vidons les verres nous les remplirons
La boutélle ét ma cousine
Quant ol at dau vin deden
Çhale fi de garce, quant al ét vide
Al ét pu de més parents
Tra-la-la.
Chanté par M. Poupard (Saint-Paul-en-Gâtine) (Chanté sur un air d’avant-deux)
- Situ boes pas, t’auras la pépie
Qui t enjhendrera daus grands maladies
REFRAIN
Boes, boes, boes-en dun
De çhau petit vin le mélleùr dau munde
Boes, boes, boes-en dun
De çhau petit vin car il ét bun
- La boune-fame qui l’at trouvai
L’avét mi den ine corbélle
Mé moe pr le cunservàe
Je l’ai mis dans mon gosier
- Quant un a bun manjhai
O faut se lavàe la goule
Quant un a bun manjhai
Il faut se laver le gosier
- Çhau petit vin met de la gaieté
Dans toutes les occurrences
Chau petit vin met de la gaieté
Dans toutes nos soirées
Chanté par M. Guy Micheneau (Moncoutant) avec les voisins du village de Noirvault
Chanson très connue en Poitou, à laquelle M. Micheneau a pris plaisir à rajouter deux couplets de sa composition.
Glossaire
A, al elle (a n n avét troes – elle en avait trois).
Afaere affaire.
Aghusàe aiguiser
Alàe aller.
Ale aile.
Alore alors.
Alun allons.
Amene (s’)– arrive.
Annàie année.
Ant ont, sont (l’ant fét – ils ont fait / l’ant chét – ils sont tombés).
Apercét aperçoit.
Aportàe apporter
Aquéllis accueillis.
Aras auras (t’aras – tu auras).
Arne harnache (m’y arne lou – harnache-le moi).
Assae assez.
Assignàe assigner
Assire asseoir
Asteùre maintenant.
At a (l’at – il a / al at – elle a / a s at – elle s’est / ol at – il y a).
Atenciun attention.
Atrape attrape.
Avàe (i) avais (j’).
Avaene avoine.
Avant ont (l’avant – ils ont).
Avét avait (o n’n avét – il y en avait / al avét – elle avait).
Aviant avaient (ll’aviant – ils avaient)
Aviun avions (i aviun – nous avions).
Avun avons (i en avun poet – nous n’en avons pas).
Babinotét remuait les lèvres.
Bae bien.
Bàete bête.
Balle donne.
Bé bien.
Bea beau.
Beda veau.
Béle belle (queme de pu béle – de plus belle).
Begasse bécasse.
Béle belle.
Bén bien.
Beùre beurre.
Beùs boeufs.
Bllai blé.
Boes bois.
Boessun buisson.
Boes bois.
Boet boit
Borlle borgne.
Bots sabots.
Boujhai bougé.
Boulanjhàe faire le pain.
Boulitét renversait.
Boulitéz renversez.
Boulitour « renverseur ».
Boullét bouillait.
Boullir bouillir
Boune-fame épouse, vieille
femme.
Bounét bonnet.
Bounome bonhomme.
Boutélle bouteille.
Boutun bouton.
Bra bras.
Branlun agitons, remuons.
Braçai brassé.
Breùles brûles (te me breùles – tu me brûles).
Bun bon.
Callous cailloux.
Cénc cinq.
Chace chasse.
Çhale cette.
Chançun chanson.
Chanp champ.
Chatoullàe chatouillais.
Çhau ce (Çhau tenp que – le
temps durant lequel).
Çhau–çhi celui-ci.
Chàuces chaussettes.
Chaufai chauffé.
Ché chez (Ché nous – à la maison).
Çhéle cette.
Chén chien.
Chénze quinze.
Çhés ces (de çhés tenps – actuellement).
Chét 1-tombé 2-cuit.
Çheu chez.
Çheù ça, cela.
Cheuse chose.
Chevau cheval.
Chiai chié.
Chouc-a-poumes chou-pomme.
Çhu cul.
Çhurai curé.
Ciseas ciseaux.
Cllér clair
Cllochàe clocher
Coçhue ciguë.
Coén coin.
Come comme.
Cope coupe (cope t-o – cela coupe-t-il ?)
Couéte queue.
Coure quand.
Couriant couraient.
Coutai côté.
Coutea couteau.
Crére croire.
Crés crois.
Creùsàe creuser
Créyant croyant.
Crotai crotté.
Crotes crottes.
Crvai crevé.
Cunfaesse la confession.
Cunposai composé.
Cuntàe conter.
Cuntent content.
Cunvocais convoqués.
Dançàe danser (at tant dançai – a tant dansé).
Dance danse.
Dau du, au (dau diablle de – au diable…).
Daus des.
Décidit décida.
Deden dedans.
Demandai demandé.
Demén demain.
Den dans.
Dessur sur
Dét doigt.
Deùs deux.
Diablle diable.
Dis dix.
Disét disait.
Dorai doré.
Dounai donné.
Douse douze.
Dun donc.
E ai (i é mi – ai mis / i é t-in – ai un).
Echaudai ébouillant.
Égllise église.
Éle elle.
En en, dans le, au (en lét – dans
le lit / en loén – au loin).
Enbaetàe embêter.
Enmenàie emmenée.
Enplléne (i) remplis (je).
Entràe entrer
Enviruns environs.
Envoe (i lleùs) – envoie (je leur).
Épari étalai (i l’épari – je l’étalai).
Érae irai (i érae – j’irai).
Espllicai expliqué.
Et est (ol ét – c’est).
Etai été (quant l’at étai pr – quand il fut sur le point de).
Etét était, c’était (ol étét – c’était / étét bé unze eùre – s’il était bien onze heures / qu’étét – que c’était).
Etiant étaient.
Eure heure.
Faere faire (poént de la mine
de s’en faere – mine de rien).
Fagotàe fagoter
Fantaesie fantaisie (faere de
la – faire le [la] difficile).
Faudrat il faudra.
Faudrét il faudrait.
Fâut faut (o faut – il faut).
Felles filles.
Fesàe faisais.
Fesét faisait.
Fés-tu fais-tu.
Fét fait.
Féte faite (pi al ét féte ! et machanson est terminée !).
Feù feu.
Fevràe février
Fi fils.
Foes fois.
Foure fourre.
Foutiant que le foutent (qu’ils).
Fraere frère.
Fricasse cuisine.
Fréd(e) froid(e).
Frmajhe fromage.
Frniclleùse câline.
Gagnai gagné.
Gajhai engagé (i m’é gajhai – je me suis fait engager comme domestique).
Galopin mendiant.
Garçun garçon.
Gardàe garder
Garderét garderait
Gatinés habitant de la Gâtine.
Gavotét faisait danser en chantant.
Gna agneau.
Goréte (mére) truie.
Grén grain.
Gringuenassét grinçait.
Grnoulle grenouille.
Hâut haut.
l je,nous (s’i – si je).
lau eau.
In(e) un(e).
Jhamae jamais.
Jhan Jean.
Jhardrin jardin.
Jhenàet genêt.
Jhéne jeune.
Jhens gens.
Jhouàe jouer.
Jhour jour (çhau jhour-lae – cejour-là).
Jhournâu journal.
Jhujhe juge.
L’, Le le, il(s) (le dit – il dit / l’at – il a / si l’en voulét poet – s’il n’en voulait pas / le disiant – ils disaient le manjhiant ils mangeaient).
Lae elle, là (lae-tou – elle aussi).
Làe là (çhau jhour làe – ce jour-là).
Laessàe laisser.
Lendemén lendemain.
Levai levé.
Lét lit (en lét – dans le lit).
Ll’ ils, lui (ll aviant – ils avaient / ll’en at sautai – lui en a éclaté / i ll’é dit – je lui ai dit).
Lleùs leur(s).
Lli lui.
Loén loin (en loén – au loin).
Loridét index.
Lou le (m’y arne lou – harnache-le moi).
Louc loup.
Luma escargot.
Luntenp longtemps.
Madelaene Madeleine.
Maeme même.
Messe messe.
Mancai manqué.
Manjhàe manger
Manjhai mangé.
Manjhiant mangeaient.
Marchai marché.
Mariàe marier
Mariàie mariée.
Mariajhe mariage (pr mariajhe – en dot).
Martea marteau.
Mé mais.
Megnounéte mignonnette.
Méle Melle.
Mélleùr meilleur.
Men mon.
Ménajhàe économe.
Mene mène.
Menerae mènerai (i lés menerae – je les mènerai).
Menite petite main.
Mentun menton.
Mére mère.
Més mes.
Mésun maison.
Mét 1-maie 2-met (a mét – elle met).
Métives moissons.
Mile mille.
Millun million.
Mine (poént de la – de s’en
faere – mine de rien).
Mitaene mitaine.
Moe moi.
Moén moins.
Moene moine.
Molai moulé.
Monàe meunier
Mossieù Monsieur.
Mulun meule, tas.
Mun mon.
Muncea tas.
Munde monde.
Munte monter.
Nai nez.
Nic nid.
N’n en (a n’n avét troes – elle en avait trois / o n’n avét – il y en avait).
Neuv neuf.
Nourén Pacage.
Nun (de nun) nom (de nom !)
O il, le, l (si t’o crés – si tu le crois / al o z-at – elle l’a / o fàut – il faut).
Oée oie.
Ol at il y a.
Ol ét c’est.
Ol étét c’était.
Orellàe oreiller
Pa pas.
Paene peine.
Pallissun panier
Papàes papiers.
Partenés Parthenay
Passai passé (ol at passai – sont passés).
Passit passa.
Pataujhàe patauger.
Pea peau.
Pén pain.
Penàe panier.
Pensai (ié) pensé (j’ai).
Pére père.
Pese pèse.
Petàe péter, éclater.
Peuse pouce.
Peyàe payer
Pi puis.
Piére pierre.
Pigjhoune pigeonne.
Pijhun pigeon.
Pitiai Pitié.
Pllén plein.
Pllését plaisait.
Pllume plume.
Poel poil.
Poet, poent pas (poént de la mine de s en faere – mine de rien).
Poràie poireau.
Portai porté.
Potajhe légume.
Poughissiant (que le) puissent (qu’ils ).
Poull pou.
Pouse, Pousét pouce.
Pr par, pour, sur le point de.
Pràe près.
Pràet prêt.
Prais prés.
Prçour perceur (prçour de sabots – sabotier).
Prdu perdu.
Prfét préfet.
Prendrét prendrait.
Prtout partout.
Prunéle prunelle.
Pu plus.
Pundu pondu.
Putin putain.
Putout plutôt.
Quant quand.
Quatr quatre.
Queme comme (queme de pu béle – de plus belle / queme o faut – comme il faut).
Quemençai commencé.
Quénze quinze.
Qui quoi (qui que te fés – qu’est-ce que tu fais).
Ramene ramène.
Rapele (i m’en-) rappelle (je m’en).
Rén rien.
Rentournàie (i me sé) retournée (je suis)
Rentourne ramène.
Restant (si le) restent (s’ils-).
Revéndrat reviendra.
Rivàu ruisseau.
Rivére rivière.
Roe roi.
Rund rond.
Runjhe ronge.
Sant (le) sont (ils).
Sautai éclaté.
Sautiant sautaient.
Sé suis (i en sé pa – je n’en suis pas / i me sé dit – je me suis dit).
Sellàie contenu d’un seau.
Sen son.
Sént(e) saint(e).
Sér soir.
Seràe (i) serai (je).
Sés ses.
Sés sais (te sés pa – Sais-tu bien).
Sése seize.
Sét sept.
Sént-Jhan Saint-Jean.
Sérjhent sergent.
Sésun saison.
Sis six.
Sounàie sonnée.
Sounét sonnait.
Souvéndrae souviendra.
Su sur
Sun son.
Tablle table.
Taeres terres.
Te tu.
Télai télé.
Ten ton.
Tenp temps (den le tenp – autrefois / çhau tenp que – le temps durant lequel / deçhés tenps – actuellement).
Toe toi.
Torsàe tordais.
Tournàe tournais.
Travrséz traversez ! (commande d’une figure de danse).
Trése treize.
Troes trois.
Trouvai trouvé.
Trunpe trompe.
Tun ton.
Turgne trogne.
Uit huit.
Un on (un at bun manjhai – on a bien mangé).
Unbre ombre.
Unze onze.
Va (i) vais (je) (i yi va – j‘y vais).
Vaesse vesse.
Valét valait.
Vat va.
Végne vigne.
Vela voilà.
Veliant voulaient (le veliant – ils voulaient).
Vendràe vendrai (i lés vendràe – je les vendrai).
Venét venait.
Vént vingt.
Vént a s’en- vient (elle).
Veses cornemuses, instruments de musique en général.
Vesun bourdon.
Veùs veux (si te veùs – si tu veux).
Vidàe vider
Vieù vieux.
Vilatuns bourgeois.
Viràe retournais.
Voesun voisin.
Voeyét voyait.
Voulét voulait (si l’en voulét poet – s’il n’en voulait pas).
Vraement vraiment.
Vrse verse.
Yéle elle.
Yi y (i yi va – j’y vais).
NB. Dans la transcription utilisée pour le Poitevin-Saintongeais,
– ll « l mouillé » est souvent prononcé « y » (ex. in felle, une fille)
– jh noté « » plus ou moins expiré (ex. /a mojhète)
– r « voyelle » peut se lire « r » « er » « or » ou « re » ex : ine grouàie peut se lire ine guerouaïe, ine gorouaïe ou ine grouaïe).
Photo de couverture
Jean-Louis NEVEU
Mise en page CICÉRO
79440 COURLAY
Imprimerie JOLLY
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KUP 75