Chants et musiques populaires du Haut-Poitou 

Anthologie de chants et musiques populaires du Haut-Poitou

Documents sonores de L’U.P.C.P. / La Marchoise – Gençay (Vienne)

Enquêtes ethnographiques et réalisation : Michel VALIÈRE

Vinyl 33T

UNION POITOU-CHARENTES POUR LA CULTURE POPULAIRE

UPCOOP – 008

1973


L’oeuvre entreprise par l’U.P.C.P., n’est pas une aventure nostalgique, un regard lascif sur un passé insaisissable, mais plutôt un essai de « nager à contre courant », comme la truite, pour profiter des eaux vives et s’assurer l’avenir…

Quel avenir en Poitou rural ?

Ici, comme ailleurs, dans l’hexagone, le Rural est en voie de disparition… Un homme de béton-armé, s’apprête à le remplacer.

C’est le résultat des terribles craquements qui depuis près d’un siècle, ont raison de tout un peuple et de sa culture. Une amnésie collective menace. La mémoire du peuple s’ankylose peu à peu, oubliant jusqu’à ses propres fondements. Nous assistons tous les jours à l’effondrement d’une culture, d’un savoir qui ne doit rien à la culture dominante, officialisée depuis longtemps et qui occulte quand elle ne la nie pas celle de l’autre

L’autre, c’est cette voix qui chante « la fille muette », c’est Albert qui danse, avec ses gros brodequins et son accordéon diatonique… il est passé par le conservatoire des petits oiseaux, de CHIRE-LES-BOIS — ironie facile —. L’autre c’est aussi le PERE VINCELOT, ou le PERE BOZIER, qu’il y a peu de temps encore, tout le monde ignorait. (Le voilà programmé sur France-Culture ; interviewé par X… Y… Z… l’autre se vend bien ces temps-ci).

Quand il n’y a pas négation de l’autre (le non-urbain, non-scolarisé, non-universitarisé, non-aseptisé francisé homogénéisé pasteurisé…) il y a appropriation de l’autre. D’abord de sa culture !

Le folk, en ce moment, ça marche. il y a un chiffre d’affaires, il y a des maisons spécialisées — tiens, ça me rappelle quelque chose — Alors vite…

Eh bien NON !

Les animateurs de l’U.P.C.P., depuis bientôt quinze ans, sont attelés, liés ensemble à un même joug. Avec force et ténacité, ils accomplissent un lent et minutieux travail de fourmis… et André PACHER veille, cet initiateur, mon initiateur, celui qui m’a remis les clefs de toute une civilisation Poitevine. Je veux lui rendre hommage et lui dédier cette Anthologie… et à travers lui, à tous les poitevins. Nous puiserons ensemble à la même source des pasteurs et laboureurs du Poitou, une Energie Nouvelle.

Michel VALIERE

Sommaire

Face 1

  1. — Ah, tout un jour je m’y promène (Mme SOULAT)
  2. — Quand j’étais chez mon père (Mme SOULAT)
  3. — La fille muette (Mme SOULAT)
  4. — Quand j’étais chez mon père (M. René COURTOIS)
  5. — La quarante est là ! (M. René COURTOIS)
  6. — La chanson du Curé (Marie PRIEUR-MESMIN)
  7. — Bonjour Monsieur le Curé (Mme Léa DUVERGER)
  8. — J’ai fait une maîtresse (Mme Léa DUVERGER)
  9. — De bon matin, je m’y suis levé (Mme Léa DUVERGER)
  10. — A dix-huit ans, la petite Joséphine (Mme Léa DUVERGER)

Face 2

  1. — Marchoise (Création) (M. Aimé BOZIER, violon)
  2. — Danse ronde (traditionnel) (M. Aimé BOZIER, violon)
  3. — Scottish (création) (M. Aimé BOZIER,violon)
  4. — Ah ! j’ai fait mon Tour de France (M. Raymond PROVOST)
  5. — Marche nuptiale : Belle Suzon (E. VINCELOT, violon-saxo)
  6. — Marche nuptiale : c’est une P… (E. VINCELOT, violon-saxo)
  7. — Marche nuptiale : Mettez du foin (E. VINCELOT, violon-saxo)
  8. — Marchoise (E. VINCELOT, violon-saxo)
  9. — Pas d’Eté (1) (M. Albert GUILLET, accordéon)
  10. — Petit Jean (M. Agénor ARLOT)
  11. — Belle, si j’étais dans ton vert pré (M. Agénor ARLOT)
  12. — Ah ! qu’elle est gentille ma fille (M. Agénor ARLOT)
  13. — Pas d’Eté (2) (M. Albert GUILLET, accordéon)

Face 1

Mme FOUCAULT, épouse SOULAT

Ces trois chansons ont été enregistrées le 28 mars 1969, auprès de Madame FOUCAULT, épouse SOULAT, née en 1894.

Paysanne toute sa vie, Madame SOULAT vit à Plan, commune de Saint-Secondin (Vienne).

L’une de ces chansons (n° 2) a été interprétée par Michèle VALIERE et gravée sur le disque V. D. S. numéro 119 Chansons du Pays des Brandes La Marchoise, Gençay (Vienne).

Madame SOULAT est une excellente chanteuse traditionnelle. Bergère tout au long de sa vie, « elle allait au champ aux oueille » et chantait pour que ses bêtes restent tranquilles…

Aujourd’hui, si on va encore au champ, on n’y entend plus les bergères… peut-être quelque transistor — qui ma foi jouit d’assez de prestige auprès des bêtes, puisqu’elles se rassemblent autour — on n’arrête pas le progrès diront certains… mais ainsi s’arrête une culture, celle de l’oralité, celle des bergers et des bergères… L’expression de tout un peuple.

 

1

Ah tout un jour je m’y promène,
Tout le long de la plaine,
J’ai t’aperçu, j’ai rencontré
Une fillette faite à mon gré.

Ah je lui ai demandé
Si elle était mariée ;
Elle m’a fait la réponse que « non »
Mais qu’elle en avait l’intention

Belle si vous en avez l’intention
Faites-moi la promesse
Eh là, la belle nous avons bien le temps
Car moi je m’en vas au régiment.

Au régiment ne fut point rendu
Que son père l’a mariée
L’a mariée avec un vieillard
Avec un vieillard mal à son idée.

Oh oui, papa je l’épouserai
Ce vieillard pour vous plaire
Mais, je vous jure dessus ma foi
Qu’avec lui, j’n’y coucherai pas.

En revenant de l’épouser
Entendit la musique
La musique du régiment
D’où revenait son fidèle amant.

Le beau galant en arrivant
Frappe trois petits coups à la porte
Dans mon chemin ah j’ai-t-appris
Que tu étais mariée
Ceux qui te l’ont dit, ne t’ont pas menti
Car la voilà la première nuit.

Valet, valet fais moi mourir
T’auras mon équipage
Et t’iras dire à mes parents
Que je suis mort au régiment.

Voilà.

 

2

Quand j’étais chez mon père,
Lon et laï tra la la
Quand j’étais chez mon père
Fillette à marier, fillette à marier

M’ont donné la vergette
Lon et laï tra la la
M’ont donné la vergette
Les moutons à garder (bis)

Les garderai-z-y point guère
Lon et laï tra la la
Les garderai-z-y point guère
Que j’accueille un berger (bis)

Le berger que j’accueille
Lon et laï tra la la
Le berger que j’accueille
Qu’il est donc bon berger (bis)

A toutes les revirades
Lon et laï tra la la
A toutes les revirades
Il voulait m’embrasser (bis)

Galant si tu m’embrasses
Lon et laï tra la la
Galant si tu m’embrasses
Entrons y dans le bois (bis)

Dans le bois, fuyiant entrés
Lon et laï tra la la
Dans le bois, fuyiant entrés
Entendis fouillarger (bis)

Galant si c’est mon père
Lon et laï tra la la
Galant si c’est mon père
Retirez-vous de moi (bis)

Galant si c’est ma mère
Lon et laï tra la la
Galant si c’est ma mère
Rapprochez-vous de moi (bis)

Quand ma mère était jeune,
Lon et laï tra la la
Quand ma mère était jeune,
Elle fasait pire que moi (bis)

Elle passait nuits à boire
Lon et laï tra la la
Elle passait les nuits à boire
Et les jours à jouer (bis)

 

3

C’était une fille muette, parmi ces champs,
Qui la gardait la troupe et l’agneau blanc

Il est venu-t-une dame, à mon troupeau
A moi, elle m’y demande un bel agneau

Un bel agneau madame, moi faut pas parler
A mon père, à ma mère, il faut leur demander

Va-t-en lui dire ma fille, crainte du loup
Je la garderai la troupe, aussi bien que vous

La belle elle s’y chemine à la maison
A son père, à sa mère raconte ses raisons

Il est venu-t-une dame, à mon troupeau
A moi, elle m’y demande un bel agneau

Le père aussi la mère bien étonnés
De voir une fille muette si bien parler

Va t’en lui dire ma fille, qu’elle prenne une agneau
Qu’ils sont tous à son service jusqu’au plus beau

La belle elle s’y retourne à son troupeau
Trouvit la Sainte Vierge sous les ormeaux

Prenez, prenez madame un bel agneau
Ils sont tous à votre service jusqu’au plus beau

Donne moi ta main ma fille, donne moi ta main
Que j’écrive à ton père que je lui prends rien

Et-r-adieu donc la belle, toi, ton troupeau
Que le Bon Dieu t’y conserve toi et ton agneau.


M. René COURTOIS

Ces deux phonogrammes ont été réalisés le premier mai 1971, auprès de Monsieur René COURTOIS, cultivateur à La Fat, commune de La FERRIERE – AYROUX. On s’en doutera, le chanteur est de la classe 40. Avoir vingt ans en 1940 ! Et chanter… Monsieur René COURTOIS est l’un des rares paysans de sa génération à connaître les chansons traditionnelles que chantaient ses parents et grands-parents… et il chante…! il les chante… il crée même au besoin… quelque pamphlet sur tel personnage irascible. Tout en labourant (avec son tracteur) il médite et se laisse aller au rythme d’un moteur peu propice à la chose. Arrivé à la « cheintre », il s’arrête et note quelques mots, quelques rimes… et la vie s’écoule lentement autour de lui et des siens. Rare bonheur.

 

4

Quand j’étais apprenti, pastouriau chez mon père (bis)
Le m’envoyait aux champs garder les vaches noires.
Ah, ça me dérange guère,
Ah, ça me dérange pas.

Le m’envoyait aux champs garder les vaches noires (bis)
Un beau jour j’aperçus un homme avec ma mère
Ah, ça me dérange guère,
Ah, ça me dérange pas.

Un beau jour, j’aperçus un homme avec ma mère (bis)
Je me suis dit tout bas, ça ce n’est pas mon père
Ah, ça me dérange guère,
Ah, ça me dérange pas.

Je me suis dit tout bas, ça ce n’est pas mon père (bis)
Mon père ne porte pas de grande robe noire
Ah, ça me dérange guère,
Ah, ça me dérange pas.

Mon père ne porte pas de grande robe noire (bis)
Et j’ai couru bien vite, bien vite au presbytère
Ah, ça me dérange guère,
Ah, ça me dérange pas.

Et j’ai couru bien vite, bien vite au presbytère (bis)
Monsieur le curé, venez donc, venez donc voir votre vicaire
Ah, ça me dérange guère,
Ah, ça me dérange pas.

Monsieur le curé venez donc, venez donc voir votre vicaire (bis)
L’est là-bas dans les champs, à caresser ma mère
Ah, ça me dérange guère,
Ah, ça me dérange pas.

L’est là-bas dans les champs à caresser ma mère (bis)
Et si ça continue, ils vont faire leur prière
Ah, ça me dérange guère,
Ah, ça me dérange pas.

 

5

La quarante est là
Qui ne tremble guère
La quarante est là
Qui ne tremble pas

Ceux qui la font trembler
Sont encore à naître
Ceux qui la font trembler
Ne sont pas encore nés.


Mme Marie PRIEUR, épouse MESMIN

Cet enregistrement a été réalisé le 3 février 1973, à St-ROMAIN-en-Charroux (Vienne) auprès de Marie PRIEUR, épouse MESMIN. Marie PRIEUR est née à CIVRAY, le 9 août 1893 et décédée à St-MAURICE-la-Clouère (Vienne) le 26 mars 1973. Une partie de son répertoire de contes populaires a été publiée par le Centre Culturel de Gençay — La Marchoise de Gençay (Disque LM 009, Contes populaires du Haut-Poitou, Marie PRIEUR, conte). Nous lui avons déjà consacré un travail monographique :

Monographie d’une conteuse populaire poitevine : Marie PRIEUR. Mémoire de maîtrise présenté devant la Faculté des Lettres de Poitiers par M. V., décembre 1974.

 

6

M. P. — Vous pensez… ma voix est toute rouillée, vous voulez pas qu’i chante ?
M. V. — Allez la chanson dau curé là !
M. P. — La chanson du curé ?
M. V. — oui, comme il la secouait !
M. P. — Ah… j’y pensais pus à cette chanson là… Heu… ah, ben… si… hum ! à qui que vous pensez, msieur… oh, voyons.

Il y a-t-un bon prêtre,
Dans notre village
Comme il la secouait, couait, couait, couait
Comme il la secouait tant qu’il pouvait

Il avait sa soutane
Sa soutane toute mouillée
Comme il la secouait, couait, couait, couait
Comme il la secouait tant qu’il pouvait

Une bonne âme charitable
Lui offrit de rentrer
Comme il la secouait, couait, couait, couait
Comme il la secouait tant qu’il pouvait

Entrez, entrez bon prêtre
Entrez donc vous sécher
Comme il la secouait, couait, couait, couait
Comme il la secouait tant qu’il pouvait

Avec notre fille
Avec elle, vous coucherez
Comme il la secouait, couait, couait, couait
Comme il la secouait tant qu’il pouvait

La mère pas si bête
Par un trou regardait
Comme il la secouait, couait, couait, couait
Comme il la secouait tant qu’il pouvait

Que faites-vous-t-à ma fille
Vous la faites pleurer
Comme il la secouait, couait, couait, couait
Comme il la secouait tant qu’il pouvait

Ah vous serez grand-mère
Grand-mère d’un petit curé
Comme il la secouait, couait, couait, couait
Comme il la secouait tant qu’il pouvait

M. P. : Ah, ol est ça… ah… les petites chansons… Ol est qu’i peux chanter, vous me faisez chanter quand même…


Mme Léa DUVERGER

Les chansons 7, 8, 9, 10 sont interprétées par Madame Léa DUVERGER, demeurant à CHEZ-BERNARDEAU, commune de CHAMPNIERS.

Les chansons 8, 9, 10, ont été enregistrées le 14 décembre 1972, et la chanson 7, le premier décembre 1974.

Cette dynamique octogénaire participe allègrement chaque année à la grande fête des battages à CHEZ-BERNARDEAU. (cf M. V. et Jean-Jacques CHEVRIER, Animation rurale à Chez-Bernardeau, commune de Champniers, in-Aguiaine, Bulletin de la S.E.F.C.O., tome X, S livraison. Sept. Oct. 1976. p.p.395-408).

L’un des prochains disques de l’UPCOOP sera consacré à Léa DUVERGER.

 

7

M. D. — Vous voulez qu’i vous la chante ?
M. V. — Oh… o serait bien, oh oui !
M. D. — Ah… ben… oh fermez la porte Odette, pas que persoune m’entendrait chanter quand même, diriant mais… mais al est la Léa est folle (rires).
M. M. — Devant tout le monde, oui…

Bonjour Monsieur le curé
Ma bourgeoise m’a t’envoyé
Le coulant de sa chemise et oh oh oh
A l’endroit où l’ai prise

Jeanneton, Jeanneton,
Tourne t’en dire à ta bourgeoise
Qu’al n’y soit pas inquiète
Un beau jour reviendra
Son mari n’y sera pas là
Je lui rendrai sa chemise et oh oh oh
A l’endroit où je l’ai prise

Bonjour Jeanneton,
Voilà ta chemise,
Tu la mettras cette nuit avec ton mari,
Oh grand vicaire tu l’auras plus
Tu l’auras plus ma chemise
Si je l’ai eue tu l’as bien voulu
Allons Suzon, j’y reviendrai plus.

 

8

M. V. — Connaissiez-vous des chansons de conscrits qui partaient à la guerre pour sept ans, vous savez… puis qui revient, qui trouve sa femme mariée, ou…
M. D. — Et ben sûr qu’i en sais une, mais ol est qu’elle est longue…
M. V. — Allez, vous voulez pas essayer ?
M. D. — Ah, i vous la répéterai pas parce que…
M. V. — Une fois, juste…
M. D. — a fait long, o qu’è fait long, hé
M. V. — Mais si vous pouvez pas finir, vous arrêtez, tant pis…

J’ai fait une maîtresse
Trois jours, y a pas longtemps…
Si le Bon Dieu me la délaisse
Je serai son amant.

Dès le premier soir des noces
M’y vient un mandement
Qu’il faut partir la belle
Faut partir promptement.

Pleurez, pleurez point tant la belle
La belle pleurez point tant.
Cette jolie campagne,
Ne durera pas longtemps.

Pleurez, pleurez point tant la belle,
La belle pleurez point tant,
Cette jolie campagne
Ne durera que sept ans.

Au bout de la septième
Son cher amant revient
A la porte à la belle
Il vient faire son appui.

Bonjour Madame l’hôtesse
Bonjour vous soit donné
Logeriez-vous ce soir
Un jeune militaire.

Oh non, oh non dit-elle
Nous sommes embarrassés
Nous marions notre fille
Nous sommes un peu gênés

Oh non, oh non dit-elle
Nous sommes embarrassés
On a les gens des noces
Nous sommes un peu gênés

Montez dedans la chambre
Montez les escaliers
Vous ferez comme les autres
Vous vous divertirez.

On n’y fut pas à table
A table pour diner
Le jeune militaire
Ne buvait, ni mangeait.

Monsieur le militaire
Vous ne buvez, ni mangez
Monsieur le militaire
Vous ne buvez, ni mangez

Que l’on m’apporte des cartes
Des cartes pour jouer
Qu’ara la mariée
Ce soir à son coucher.

Monsieur le militaire
A ne vous appartient pas
Cette dame la mariée
A ne vous appartient pas.

T’en souviens-tu la belle
Y’a t’aujourd’hui sept ans
Quand je t’ai donné pour gage
Les bagues et les diamants

Elles sont dedans ma chambre
Dedans mon cabinet
Je ne les ai point portés
Ni mon coeur engagé.

Grand Dieu que j’ai du malheur
Que le Bon Dieu m’y punisse
Hier soir, j’étais veuve
Ce soir, j’ai deux maris.

Ah oui je l’abandonne
Le mari d’aujourd’hui
Je m’y tiendrai fidèle
A mon premier mari.

Voilà, Voilà !

 

9

De bon matin, je m’y suis levé     |
Pour cueillir la violette                  | (bis)
J’en n’ai pas cueilli-r-une                        |
J’ai-t-entendu chanter                             |
La voix de ma maitresse                        |
Que mon coeur aimait tant                     | (bis)

De delà, de delà je m’y suis-t-en allé      |
A la porte de la belle                               | (bis)
Ouvrissez-moi la porte
La belle si vous m’aimez
Je suis couvert de neige
Et d’eau jusqu’aux genoux.

Ouvrissez-mol la porte
La belle si vous m’aimez
Je suis couvert de neige
Je crois que j’en mourrai.

Galant, galant, mours si tu veux |
Je ne t’ouvrirai point ma porte      | (bis)
Va-t’en t’y plaindre             |
Là où tu t’es vanté             |
Que j’atais fille faite                      |
A toutes tes volontés.        | (bis)

De delà, de delà je m’y suis t’en allé
A la porte de ma mère
Ouvrissez-moi la porte
Ma mère si vous m’aimez
J’ai perdu ma maîtresse
Pour m’avoir trop vanté

Je t’ouvrirai point la porte
Tu n’es point garçon sérieux
Va t’en donc t’y plaindre
A la porte de ton père.

De delà, de delà je m’y suis t-en allé      |
A la porte de mon père                           | (bis)
Ouvrissez-moi la porte
Mon père si vous m’aimez
Je suis couvert de neige
Et l’eau jusqu’aux genoux

Ouvrissez-moi la porte
Mon père si vous m’aimez
J’ai perdu ma maîtresse
Pour avoir mal parlé.

M. D. — La voilà ! ta !
M. V. — C’est une chanson de qui encore ça ? c’est une chanson de votre mère ça aussi ?
M. D. — Oui, oui, oui, c’est une chanson de ma mère ça.
M. V. — C’est des belles chansons !
M. D. — Et i a bien longtemps que je l’ai pas chantée non plus.
M. V. — Oui, mais vous chantez toujours très bien, hein ?
M. D. — Mais ol est pas quand même vous savez le …
M. V. — Vous voulez pas avoir une voix de vingt ans ?
M. D. — Et ben… et ben non !

 

10

M. D. : Ah, i sais pas si i vas vous la dire thielle là ?

A dix-huit ans la petite Joséphine
A dix-huit ans elle n’avait pas d’amant
A dix-huit ans, à dix-huit ans
Elle n’avait pas d’amant.

Où est-elle donc la petite Joséphine
Ah je l’entends mais non je ne la vois pas
Ah je l’entends, ah je l’entends,
Mais non je ne la vois pas

Elle est là-haut dans sa plus haute chambre
Que nuit et jour i ne fait que pleurer
Que nuit et jour, que nuit et jour
I ne fait que pleurer

Pleure donc pas tant ma petite Joséphine
Dessur la terre i a d’autres amants que moi
Dessur la terre, dessur la terre
I a d’autres amants que moi

Les autres amants qu’il y a dessur la terre
Ne peuvent pas charmer mon petit coeur
Ne peuvent pas, ne peuvent pas
Charmer mon petit coeur

Allons-y donc nous promener dans les bois
En fasant le tour, nous parlerons d’amour
En fasant le tour, en fasant le tour,
Nous parlerons d’amour

Tu m’y croyais ben-z-une fille bien sotte
De y aller seule avec toi dans les bois,
De y aller seule, de y aller seule,
Avec toi dans les bois

Tu m’y croirais un garçon bien malhonnête
Dépuis sept ans que je suis ton amant
Dépuis sept ans, dépuis sept ans,
Que je suis ton amant

Dedans les bois, l’y a une fontaine
Qu’est tout autour environnée d’auriers
Qu’est tout autour, qu’est tout autour
Environnée d’auriers

Allons-y donc ma petite Joséphine
En fasant le tour nous parlerons d’amour
En fasant le tour, en fasant le tour,
Nous parlerons d’amour

Dedans les bois le rossignol qui chante
Oh qui disait dans son charmant langage
Ah qu’il est doux, oh qu’il est doux
Le plaisir de l’amour.


Face 2

M. Aimé BOZIER, violon

Aimé BOZIER joue les airs 1, 2, 3. La Danse Ronde, (air n° 2) est une danse traditionnelle des veillées de jeunesse. Les deux autres airs ont été créés par le violonneux lui-même. D’abord une Marchoise, danse en honneur dans les anciens Pays de Brandes, puis une scottisch, comme il en existe tant… Mais celle-ci est toute imprégnée de réminiscences poitevines. Aimé BOZIER, qui est né le 10 juillet 1892, laisse derrière lui une longue carrière de musicien de village. La MARCHOISE de GENÇAY, lui a déjà consacré trois disques. Nous n’en citerons qu’un, qui est un véritable hommage à ce musicien, digne représentant du groupe des violonneux du Poitou (c.f. M. V., Aimé BOZIER, violonneux joue, La Marchoise 86 GENÇAY, 1973, disque 33 t. L. M. 008).

 

1 — Marchoise : Création A. BOZIER.

 

2 — Danse Ronde : traditionnel.

M. V. — I avait pas des paroles là-dessus ?
M. B. — Connais pas !
M. V. — Connaissez pas ? non… Et alors la scottisch ?
M. B. — Ça me vient… ça me vient… ça me vient, ça me vient en dormant la nuit les airs.
M. V. — Oui
M. B. — Que j’ai… que j’ai connus en dix-neuf cent quatre, étant tout drôle.
M. V. — Ah oui… ça c’est bien !

 

3 — Scottisch : création A. BOZIER.


M. Raymond PROVOST

La chanson numéro 4, Ah j’ai fait mon tour de France, est ici interprétée en public par Monsieur Raymond PROVOST, 80 ans. Le cadre, celui de la petite salle des fêtes de MARNAY (Vienne). Le public, celui des anciens de la commune, réunis pour partager la galette des Rois, le dimanche 9 janvier 1972, à l’occasion de l’Epiphanie.

Raymond PROVOST est aussi un violonneux que nous avons enregistré à son domicile à Férabœuf, commune de MARNAY, en décembre 1965 et en janvier 1966. Atteint de surdité, il lui a été difficile de se remettre au violon. Nous savons de lui qu’il a joué pour accompagner vingt noces dont dix-sept avant 1914, et qu’il n’a pratiquement plus joué du violon après 1920. Son répertoire est assez peu étendu : La Polka de Constant PERAULT, Le Quadrille, Les Matelots, Viens Poupoule, La Marchoise, La Bicyclette, Le Père Serin des Brousses et la Chanson du Rémouleur.

Voilà les seuls souvenirs qu’il a pu retrouver lors de nos rencontres de 1965 et 1966.

Il va sans dire que sa forte surdité ne concourait guère à faciliter la communication entre nous, malgré toute sa bonne volonté et sa participation chaleureuse.

 

4

Ah, j’ai fait mon Tour de France
Et m’y voilà de retour
Mais j’aperçus beaucoup de fillettes
Hélas qui brûlaient l’amour

Mais je voudrais leur avoir donné
Dix écus et brr… r
Vingt écus et bzz… z
Et puis moi d’en avoir trente
Et puis d’avoir Margot fourbie
Du bas du vrr… r

En arrivant dans la ville
Tout le monde m’y regardait
En voyant ce petit bonhomme
Qui avait le nez si mal fait

Mais je voudrais leur avoir donné
Dix écus et brr… r
Vingt écus et bzz… z
Et puis moi d’en avoir trente
Et puis d’avoir Margot fourbie
Du bas du vrr… r

Il me survient une couturière
Me faire repasser ses ciseaux
Mais elle me dit mon petit bonhomme
Repasse-moi ça comme il faut

Mais je voudrais lui avoir donné
Dix écus et brr… r
Vingt écus et bzz… z
Et puis moi d’en avoir trente
Et puis d’avoir Margot fourbie
Du bas du vrr… r

Voilà Messieurs !

M. Eugène VINCELOT, violon-saxo

Eugène VINCELOT, nous dirons le PERE VINCELOT, est un homme extraordinaire qui nous a quittés, hélas, en février 1976 à l’âge de 82 ans. Cultivateur de son état… un tout petit cultivateur, faisant valoir quelques arpents de terre. Son cadre de vie, un petit village du Poitou, une maison basse d’une seule pièce, récemment agrandie, c’est-à-dire, partagée en deux ! Une cuisine (la maison) et une chambre. Cette maison est au fond d’une cour, entourée d’un petit mur de pierres sèches…

Le PERE VINCELOT, un ami, ami de tous… un peu radiesthésiste (il possède un pendule) et un peu musicien… C’est un violonneux qui a joué à plus de trois cents noces… Avec un violon quelque peu curieux… Un violon-phone, disent ses compatriotes un violon-saxo nous dit-il… Un instrument symphone à gamme variable couplé d’un instrument aérophone à embouchure et tuyau conique ! En tout cas c’est le seul violonneux à notre connaissance, ayant utilisé cet instrument en Poitou…

Ailleurs, nous avons eu connaissance d’un vieux ménétrier rendu récemment célèbre en Wallonie…

L’enregistrement que nous publions a été réalisé en 1967 sur musicassette, d’où les quelques bruits qui s’ajoutent aux sons métalliques de cet instrument peu commun…

« Mais vous savez on m’entendait de loin, de plusieurs kilomètres… »

 

5

M. V — Alors, là, vous me la chantez tout de suite s’il vous plait ?
E. V. — Mais c’est ce que je vous disais t’t à l’heure !

Belle Suzon tu perds ton chignon,
Veux-tu deux sous pour t’acheter des épingles ?

Belle Suzon tu perds ton chignon,
Veux-tu deux sous pour t’acheter un galon ?

 

6

C’est une p… que j’amène, que j’amène,
C’est une p… que j’amène par la main.

M. V. — On peut pas la dire, les mariées étaient pas plus p… le jour de leur mariage que la veille.

 

7

Mettez du foin dans le râtelier
A l’âne, à l’âne,

Mettez du foin dans le râtelier
Voici les ânes.

M. V. — On jouait ça quand on arrivait du mariage pour se mettre à table.
M. V — Ah bon… c’est tout ce qu’on met ? Alors, vous me la rechantez une fois s’il vous plaît ?

 

8 – Marchoise


M. Albert GUILLET, accordéon

Albert GUILLET, est né le 11 août 1905, à NIEUL-L’ESPOIR (Vienne) et a vécu la plus grande partie de sa vie à CHIRE-LES-BOIS. C’est un excellent accordéoniste routinier, grand animateur de noces, de repas de chasseurs et de cafés… qui ne connait Albert et son accordéon… Il tient son répertoire de son frère, son aîné de vingt ans… Albert joue, chante et danse… et cultive la terre.

Lorsqu’il joue en public ce Pas d’Eté (n° 1) la nuit du 29 au 30 janvier 1972 dans la ferme des Phémolant au Mineret (commune de Saint-Maurice-la-Clouère) le fading n’est pas un effet recherché par quelque technicien, ni un accident de prise de son. C’est qu’Albert danse avec son accordéon… et par là même s’éloigne quelque peu du micro capteur de son…

Une petite partie de son répertoire a été gravée sur le disque 17 cm, 33 t, Parisonor 680.173 Danses et chants du Poitou, La Marchoise, n°1, Gençay, mars 1969.

 

9 – Pas d’Eté (1)

 

13 – Pas d’Eté (2) 


M. Agénor ARLOT

Quand à Agénor ARLOT, autant l’appeler GENOR, comme tout le monde ici… Il chante les chansons 10, 11, 12 de la face II, en public, dans une veillée le 29-30 janvier 1972 (cf. texte concernant Albert GUILLET).

Si GENOR chante avec un style très personnel, il est aussi violonneux (cf. cliché) et conteur. Il est l’un des rares du groupe des conteurs du Poitou Méridional à connaitre les aventures de Jean de l’Ours et autres héros…

GENOR est un être sensible, très difficile à cerner, à la fin d’une vie dure, comme l’a été (et l’est) souvent celle des salariés agricoles ; (ici on dit « domestique agricole » et c’est dur d’être le domestiqué).

 

10

Mon Jean p’tit Jean s’en va-t-aux vigne
Zim boum boum et la deridera
Mon Jean p’tit Jean s’en va-t-aux vignes
Sa femme le déjeuner li apportera (bis)

Mais voilà huit heures qui sonnent
Zim boum boum et la deridera
Mais voilà huit heures qui sonnent
Le déjeuner ne vient pas (bis)

Mon Jean p’tit Jean ramasse sa hotte
Zim boum boum et la deridera
Mon Jean p’tit Jean ramasse sa hotte
Et au logis s’y retourna (bis)

Il trouve sa femme au lit
Zim boum boum et la deridera
Il trouve sa femme au lit
Et le curé entre ses bras (bis)

Mon Jean p’tit Jean lui dit sa femme
Zim boum boum et la deridera
Mon Jean p’tit Jean lui dit sa femme
Le bon curé me confessa (bis)

Mais mon Jean p’tit Jean ramasse une trique
Zim boum boum et la deridera
Mais mon Jean p’tit Jean ramasse une trique
Et l’absolution il leur donna (bis)

Voilà comment font les femmes
Zim boum boum et la deridera
Voilà comment font les femmes
Quand leur mari n’est pas là (bis)

Elles leur font porter des cornes
Zim boum boum et la deridera
Longues et grosses comme le bras
Longues et grosses comme thio là.

 

11

Belle si j’étais dans ton vert pré (bis)
Nous cueillerions de ces beaux bouquets (bis)
Entre tic et tac, nique, nique mécanique godinette
Charmante blonde, nous cueillerions de ces beaux bouquets
Dans ton vert pré.

Belle si j’étais dans ton château (bis)
Nous chanterions des airs nouveaux (bis)
Entre tic et tac, nique, nique mécanique godinette
Charmante blonde, nous chanterions des airs nouveaux
Dans ton château

Belle si j’étais dans ton jardin (bis)
Nous mangerions de ces bons raisins (bis)
Entre tic et tac, nique, nique mécanique godinette
Charmante blonde, nous mangerions de ces bons raisins
Dans ton jardin

Belle si j’étais dans ta chambrette (bis)
Nous parlerions de nos amourettes (bis)
Entre tic et tac, nique, nique mécanique godinette
Charmante blonde, nous parlerions de nos amourettes
Dans ta chambrette

Belle si j’étais dans ton beau lit (bis)
Nous prenderions beaucoup de plaisir (bis)
Entre tic et tac, nique, nique mécanique godinette
Charmante blonde, nous prenderions beaucoup de plaisir
Dans ton beau lit

Belle si j’étais dans ton ruisseau (bis)
J’y mettrais mon canard à l’eau (bis)
Entre tic et tac, nique, nique mécanique godinette
Charmante blonde, j’y mettrais mon canard à l’eau
Dans ton ruisseau.

 

12

Ah qu’elle est gentille ma fille, ah qu’elle est gentille (bis)

Ah si je la mets chez le notaire (bis)
Il y a son petit clerc qui pourrait bien lui faire
Qui pourrait bien l’embr…
Qui pourrait bien l’em… wi… wi…
Ah qu’elle est gentille ma fille, ah qu’elle est gentille (bis)

Ah si je la mets chez un évêque (bis)
Il y a son grand vicaire qui pourrait bien lui faire
Qui pourrait bien l’embr…
Qui pourrait bien l’em… wi… wi…
Ah qu’elle est gentille ma fille, ah qu’elle est gentille (bis)

Ah si je la mets chez monsieur le maire (bis)
Il y a son sécrétaire qui pourrait bien lui faire
Qui pourrait bien l’embr…
Qui pourrait bien l’em… wi… wi…
Ah qu’elle est gentille ma fille, ah qu’elle est gentille (bis)


Enquêtes ethnographiques et Réalisation : Michel VALIÈRE

Les textes des chansons ont été établis en collaboration avec Dany COINEAU-HUESO

La Musique et les paroles ont été reconstituées par Louise BISCARA


Lorsqu’on a commencé à noter les chansons populaires, on s’est en général contenté d’un couplet-type, dans une tonalité simple. Cela suffisait pour les empêcher de tomber dans l’oubli, et les musiciens amateurs pouvaient aisément les lire. (cf J. BUJEAUD, Chants et chansons populaires des Provinces de l’Ouest, Laffite Reprints, Marseille, 1975).

Maintenant le document sonore permet aussi de conserver l’instrumentation. Pour en montrer l’originalité, j’ai cru devoir essayer d’en noter toutes les variantes. Je n’ai pas cherché à reproduire la hauteur absolue — on peut toujours la rétablir en se référant au disque — mais, par commodité, j’ai écrit, moi aussi, dans des tonalités simples, autant que possible peu éloignées des tonalités employées par l’informateur.

Presque toujours, la musique se plie aux exigences de la diction. Certaines chansons rappellent la mélodie grégorienne par leur liberté rythmique. Il arrive qu’on ne puisse pas les faire entrer dans le cadre de la mesure classique, avec pulsation régulière. C’est pourquoi le n° 3 de la face 1 (La fille muette) ne comporte pas de barre de mesure.

Plus souvent, c’est la périodicité du temps fort qui est variable : j’ai donc utilisé les changements de mesure pour faire coïncider au mieux le premier temps avec une syllabe accentuée. Quelquefois, il y a ambiguïté entre le binaire et le ternaire dans la division du temps : la référence au document sonore permettra à l’utilisateur d’assouplir la rigidité de la notation.

Au point de vue mélodique, on trouve aussi beaucoup de variantes motivées par la diction expressive du texte. Parfois, on est tenté de mettre en doute la justesse de la voix du chanteur ou la précision de sa mémoire. Ne seraient-ce pas plutôt des réminiscences de modes antérieurs au majeur et au mineur ? La permanence de l’équivoque modale tout au long du n° 3 de la face 1 laisse perplexe. On a trop tendance à « corriger les fautes » en se référant à la tonalité moderne. J’al jugé préférable de m’en tenir à ce qui est réellement chanté.

La musique instrumentale pose moins de problèmes. Tous les airs présentés ici sont en mode majeur et l’accord de l’instrument motive le choix de la tonalité. Toutefois, le violon du Père VINCELOT est plus d’un ton au-dessous du diapason habituel, comme on peut le constater lorsqu’il vérifie son accord entre la danse n° 5 (face 2) qu’il vient de jouer et les paroles chantées sur cet air. J’ai noté à la hauteur d’un violon normalement accordé pour simplifier la tâche des violonistes amateurs.

L’interprétation est aussi pleine d’intérêt. Les interprètes de musique ancienne classique y retrouveront entre autres choses, les ornements sur le temps et les notes inégales. Ces documents prouveront ainsi qu’il n’y a pas de solution de continuité entre la tradition populaire et la musique savante. C’est pourquoi il était urgent que ces textes viennent prendre place dans notre patrimoine musical occidental.

Louise BISCARA