Danses et Chants du Poitou – La Marchoise : Aimé Bozier
Aimé BOZIER, Violonneux
Collecte et Réalisation : Michel VALIERE
LA MARCHOISE – 86 GENÇAY
Vinyle 33T
L.M. 008 – France Imprimerie 462 31 30
1973
LA MARCHOISE – 86 GENÇAY
Vinyle 33T
L.M. 008 – France Imprimerie 462 31 30
1973
1. LA MARCHOISE
2. LA MARCHE DE LA MARIEE
3. LA BOULANGERE
4. DANSE RONDE
5. PAS D’ETE
6. PAS D’ETE
7. DANSE RONDE
8. MES PETITS GORETS DANSIANT
9. ARRETEZ COCHER !
10. TON PETIT CHIEN BERGERE
11. EN M’Y RENDANT DES NOCES
12. A PARIS CHEZ MA TANTE
13. DES BOUDINS, MA GRAND-MERE
14. UN DEUX TROIS QUATRE CINQ SIX SEPT
15. BUVONS UN COUP
16. T’AS BU BONHOMME
17. SAUTEZ DONC VOUS N’Y SAUTEZ GUERE
18. SAUTE SAUTE LES POILS DE MES CHAUSSES
19. VOUS AVEZ LES YEUX LANGUISSANTS…
20. Y-A-T-UN NIC DANS THIO PRUNIER
21. SIFFLET POUR FAIRE BOIRE LES BŒUFS, ANES ET CHEVAUX
– APPEL DES MOUTONS : KIT ! KIT !
– CRI DE LA PERDRIX ROUGE (poule)
– CRI DU PERDREAU ROUGE (coq)
– CRI DE LA PERDRIX GRISE (poule)
– CRI DU PERDREAU GRIS (coq)
22. SCOTTISH (création A. BOZIER)
23. MARCHOISE (création A. BOZIER)
24. TON BEAU TEMPS
Au cours d’une nuit de l’hiver 1965, alors que je parcourais les pays de Brandes, à la recherche des derniers violonneux, Monsieur Potonnet, cultivateur au Dognon, musicien routinier, me conduisit chez Aimé BOZIER, à la CASTOUARDE, Commune de Saint Laurent de Jourdes (Vienne).
Je rencontrai ainsi Monsieur BOZIER.
Il m’accueillit, comme il l’a toujours fait par la suite, avec bonhommie et chaleur. Un homme simple et intelligent, paysan et fils de paysan.
Depuis 15 ans, il n’avait plus joué du violon. Nous primes rendez-vous. Hélas, entre temps, en coupant des fagots « d’épines » il s’était profondément blessé à la main gauche, d’un coup de serpe. Sa plaie mit plusieurs mois à guérir.
Il se remit au violon, tout simplement, comme avant, désireux, comme moi-même, de faire connaître à tous, cette musique populaire qu’il tenait, lui, de son père, violonneux routinier.
Né paysan, le 10 juillet 1892, à Saint Laurent de Jourdes, au cœur des Brandes, il vécut paysan. Au contact de son père il acquit le goût du violon, sans connaitre ni musique, ni technique instrumentale. Méthode naturelle, sans professeur, ni maître. A plusieurs lieues à la ronde, on le voit jouer dans des veillées de jeunesse, de noces, et des assemblées.
Survint la guerre de 14-18, qui endeuilla cruellement le monde paysan : il la fit à Verdun comme brancardier et musicien à l’harmonie du 105e de ligne, où il apprit à jouer du trombone à coulisse !…
Après la guerre, il se mit en « formation » : l’orchestre BOZIER est lancé à travers les villages des Brandes. Une équipe solide, terrienne et familiale. Participent à l’aventure : son frère ainé Eugène, son frère cadet Gaston et plus tard son gendre Joseph Guichard.
Sans cesse demandé, redemandé, il partage avec Constant Perrault, le prestigieux violonneux de Brion (Vienne), la faveur du public du Pays de Gençay. On le voit jouer sous les parquets de Perrault, d’Agénor Charpentier de Gençay, de Bernard de Chiré les Bois, de Tessereau de Romagne, de Gauthier de Queaux.
Arrive la guerre 1939-1945, et l’on oublie un peu les musiciens de village.
J’ai rencontré Aimé BOZIER…. à 73 ans. Il a repris son violon et joue depuis, au cours des nombreux spectacles (plus de 2001 présentés à travers la France par la Marchoise de Gençay, dont il a accepté d’être le Président d’Honneur. Il joue, seul, encore, au cours de nombreux banquets de chasseurs, de repas d’anciens, de noces et de baptêmes, tant à Poitiers qu’à Civray, Lhommaizé, Gizay, Gençay, Marçay, etc…
En août 1971, le public du Festival International de Confolens lui réserve un accueil on ne peut plus chaleureux. Il joue cette même année en Belgique, en Allemagne, et à Paris, au cours de spectacles de Musique Populaire.
En 1972, il joue en Belgique, en Espagne (5eme Festival International de la Méditerranée à Murcie) toujours avec le même succès.
En 1973, plus d’un millier de personnes réunies à Gençay pour le 4ème Festival d’Arts Populaires l’écoutent avec ferveur et lui font une ovation sans précédent. Il participe cette année encore à une tournée à travers la Belgique et l’Allemagne.
Aimé BOZIER, « le plus fin violon des Pays de Brandes » selon l’expression d’André Pacher, Président de l’Union Poitou Charentes pour la Culture Populaire, est l’un des derniers ménétriers du Poitou qui puisse témoigner avec honneur de la culture orale de tradition paysanne.
Aujourd’hui, Aimé BOZIER a 82 ans. Le jour, il sarcle le tabac, il « binoche » — les pommes de terre, il entretient son jardin, il chasse le cerf, la biche et le sanglier ; le soir, dans sa petite maison à la CASTOUARDE, seul, assis sur son banc, il joue, et crée aussi une « musique » toute imprégnée de l’air des Brandes.
Michel VALIERE